Film de Nuri Bilge Ceylan (2014)
Une palme d’or au festival de Cannes 2014 oh combien méritée !!
Ceylan n’est pas un inconnu à Cannes. Grand prix en 2003 (Uzak), prix de la mise en scène en 2008 (Les Trois Singes) et Grand Prix en 2011 (Il était une fois en Anatolie),
Ceylan est un cinéaste qui sait prendre son temps. Le film dure 3 h 15 et cette durée peut rebuter, comme l’a avoué Jane Campion la présidente du jury cannois. Mais personnellement je serai tentée de dire 3 h 15 de bonheur. Il est inspiré de trois nouvelles de Tchekhov et il faut dire que le film est très tchekhovien.
Le propos se situe en Anatolie, mais en réalité a été filmé dans les merveilleux paysages de Cappadoce.
Aydin, remarquablement interprété par l’acteur Haluk Bilginer, est propriétaire d’un hôtel, déserté par les touristes et situé dans un lieu quasi désert. C’est un ancien acteur, la soixantaine bien frappée. Il vit entre sa jeune et belle femme et sa sœur, fraichement divorcée. Le film se situe essentiellement dans un huit clos, le plus souvent entre quatre murs. Au début le dialogue entre ces êtres est cordial et banal. Il écrit des articles philosophiques et projette la rédaction d’un livre. Sa sœur lui donne volontiers son point de vue. Mais progressivement se noue une atmosphère où les passions, les déchirements affleurent dans un drame que le suédois Ingmar Bergman n’aurait pas renié. Aydin se révèle être un personnage égoïste, cynique, insupportable. La rivalité entre les deux femmes est terrible et les relations du couple révèlent un désamour farouche de la part de sa femme. Le tout sur fond de problèmes sociaux.
On entre dans cette famille et on y reste volontiers. On assiste surtout à des échanges verbaux d’une rare intelligence. Les dialogues sont taillés au stylet et c’est un pur plaisir de l’esprit.