Angélica Liddell, Qué haré yo con esta espada ? (Aproximaciòn a la ley y al problema de la belleza (Que ferai-je, moi, de cette épée ? Approche de la loi et du problème de la beauté)
Angélica Liddell est une artiste catalane de 50 ans, auteure, interprète, metteuse en scène, d’expression castillane. Outre des pièces de théâtre elle écrit des romans et des poèmes. En 1993 elle fonde sa compagnie, Atra bilis (bile noire). Son œuvre, entre performance, danse et théâtre est marquée par le thème de la souffrance, physique et intérieure, qui fait écho à la violence du monde contemporain. En 2011, avec Casa de la fuerza le public d’Avignon avait découvert son théâtre, provocateur et excessif, violent monologue autour de la haine de soi jusqu’à l’atteinte physique de son corps.
Dans cette nouvelle création l’auteure pousse bien plus loin encore les limites. En a-t-elle d’ailleurs ? En ouverture une citation de Cioran, réflexion sur la France, nation mineure puisque « étrangère aux symboles puissants de la désespérance ou aux dons impérieux de l’exclamation » incapable selon le philosophe roumain de générer des Shakespeare, Goethe, Michel-Ange ou Dostoïevski ; ce qui témoigne d’une méconnaissance surprenante et déconcertante par cet auteur de l’histoire et de la littérature de notre pays qui n’a pas manqué de grandes figures littéraires et d’évènements majeurs.
Dès la première scène Angélica Liddell apparaît, talons très hauts, vêtue d’une robe fourreau blanche très fendue. Robe qu’elle retroussera très vite nous montrant en live l’Origine du monde, assaisonné d’une interminable logorrhée où elle hurle qu’elle veut qu’on baise son cadavre après sa mort pour être enfin désirée et acquérir un peu de valeur dans sa vie etc, etc…
Puis arrivent huit jeunes filles ravissantes aux longs cheveux blonds qui, elles non plus, ne restent pas longtemps habillées et qu’elle fait s’agiter de mouvements convulsifs et hystériques, ne cachant rien, et même exhibant leur intime. Puis avec des poulpes qu’un acteur leur a balancés, elles se masturbent longuement et spasmodiquement, jusqu’à provoquer notre dégoût par la vison et l’odeur. Je ne suis pas choquée facilement mais là je suis indignée qu’une femme nous donne cette vision massacrante de la femme : tota mulier in utero.
Fascinée par le meurtre commis par le japonais Issei Sagawa qui tua puis dévora sa petite amie, elle fait décrire en japonais, par un acteur japonais qui hurle, les menus détails de cet acte de cannibalisme, moment insoutenable et écoeurant.
Si les débuts d’Angélica Liddell étaient prometteurs elle nous impose maintenant avec obstination sa névrose, faisant le choix délibéré de présenter des victimes consentantes, ce qui laisse la part belle aux criminels. A vouloir explorer encore et encore la partie monstrueuse de l’être humain elle s’enfonce dans un discours qui se veut peut-être provocateur mais qui prouve simplement qu’elle est singulièrement en panne d’idées et de talent.
A me lire vous vous direz sans doute : mais pourquoi rester à un tel spectacle ? Un aveu : je suis partie après le premier entracte.
J »avais compris depuis un certain temps que cette femme est une perverse. Ses spectacles sont à fuir ou à boycotter…