Lia Rodrigues, Para que o céu näo caia (Pour que le ciel ne tombe pas)
Lia Rodrigues est brésilienne. Son parcours est riche et varié : des études de danse à Rio, un passage en France dans la compagnie Maguy Marin. Elle crée sa propre compagnie, la Lia Rodrigues Companhia de Dansas, un festival et va vers les favelas pour partager sa culture et trouver son inspiration. Elle est l’auteure de Incarnat, Ce dont nous sommes faits ou Paroroca, pièces qui racontent son pays. Dans cette dernière création, en collaboration avec les membres de sa troupe, Lia Rodrigues veut interroger notre monde « confronté tous les jours aux forces du chaos et hanté par les catastrophes ».
Interrogation violente. Le public est conduit à l’arrière scène de l’Opéra Berlioz. Pièce toute tendue de rideaux noirs, au sol noir, et nue, sans chaises. Les danseurs répandent le long des murs une poudre marron qui sent fort le café. Puis ils se déshabillent entièrement et s’enduisent le corps de cette poudre. Ils s’avancent alors vers les spectateurs, assis par terre, et s’agenouillent devant certains, à tour de rôle, en les fixant longuement dans les yeux. Puis c’est le tour d’une poudre banche, qui sent fort le bois de santal, et c’est le même rituel qui recommence. Enfin ils se rhabillent sommairement et entament une danse violente, sauvage, terrible, uniquement ponctuée par le claquement des pieds nus sur le sol et par le battement de leurs mains. Spectacle fort, attachant et fascinant qui exprime bien la fureur et le chaos, au milieu des senteurs du Brésil, et dont on sort ravis et un peu sonnés.
Hooman Sharifi, The dead live on for they appear to living in dreams (Les morts continuent à vivre car ils apparaissent en rêve aux vivants).
Homan Sharifi est né en 1960 en Iran. A 14 ans il part seul pour la Norvège où il poursuit des études de danse et obtient le diplôme de chorégraphe au National Collège of Ballet and Dance à Oslo. Il fonde sa propre compagnie, Impure Company. Il est l’auteur de multiples créations et est invité à Montpellier Danse en 2006 avec We failed to hold this reality in mind, puis en 2012 avec Now the fiel dis open et Then love was found and set the world on fire sur la révolution iranienne de 1979.
Le spectacle commence par une musique iranienne jouée par trois musiciens. Puis Hooman Sharifi vient faire un long discours en anglais, avec des propos pseudo philosophiques sur l’origine et l’identité qui sont tributaires du passé mais que chaque individu peut créer avec son avenir… On attend le danseur ou les danseurs. Et oh surprise c’est lui qui commence à esquisser des pas de danse ! Il faut dire qu’Hooman Sharifi a un embonpoint certains et est très ventripotent. Naturellement sa « danse » consiste uniquement à remuer les bras, toujours dans le même mouvement qui ressemble à un enfant qui fait l’avion. Ma remarque peut paraître cruelle, mais il y a un moment, pour un danseur, où il faut savoir s’arrêter, même si incontestablement il a gardé une certaine souplesse. Il disparaît ensuite sous une couverture dorée un peu rigide, qui ressemble à une couverture de survie, et se met à gesticuler avec. Puis il s’enroule le bras d’un vieux chiffon pour taper par terre violemment à plusieurs reprises avec son avant-bras. Quel est le sens de ces gesticulations et quel lien avec son propos ? Voilà le spectacle affligeant auquel j’ai assisté.