Film de Gary Ross (2016)
Gary Ross est le réalisateur de Hunger Games (2012) et n’avait pas réalisé de film depuis 4 ans. Avec Free State of Jones il fait surgir un épisode peu connu de la guerre de sécession américaine, et en particulier la figure de Newton Wright, qui a réellement existé.
Le film se situe entre 1861 et 1865. La guerre civile fait rage. Un fermier blanc modeste, dans le Mississipi, déserte les rangs des confédérés, ulcérés par ce qu’il considère comme « une guerre de riches mais un combat de pauvres ». Il prend la tête d’une bande de paysans blancs, modestes comme lui, et de noirs en fuite, pour se battre contre les États confédérés. Ensemble ils forment un régiment de rebelles indomptables, qui ont la supériorité sur leurs adversaires plus nombreux et mieux armés, car ils connaissent parfaitement le terrain et notamment les marais où ils vont se réfugier. Prônant des thèses égalitaristes et voulant donner la terre à ceux qui la cultivent, dans un marxisme avant l’heure, Newton Wright fonde le premier État d’hommes libres sur le territoire de trois États, où noirs et blancs sont égaux, un siècle avant le Civil Rights Act de 1964.
Le propos on le voit est non seulement ambitieux mais courageux car d’une part, il entend glorifier des valeurs de civisme et d’humanisme dans une conjoncture où ces valeurs sont singulièrement bousculées ; ensuite parce que le propos est résolument politique prenant le parti de réhabiliter l’image de ce blanc, oublié de l’histoire et considéré par certains comme un traître et un rebelle, on dirait aujourd’hui un terroriste. C’est donc un film important par le sujet traité, par le point du vue qu’il développe et par son engagement réel. De plus les images de Benoît Delhomme sont belles et soignées, particulièrement celles du marais et de la mangrove magnifiques dans des tons sourds de vert argenté. Il faut noter également la magistrale interprétation de Mathew McConaughey.
Toutefois ce film peine un peu à exister, coincé entre des films sur la ségrégation aussi importants que 12 years a slave de McQueen, Django unchained de Tarentino ou Lincoln de Spielberg, et n’atteint pas leur degré d’intensité et d’émotion. Ross se veut pédagogue, son film dure 2 h 19 et mêle l’histoire de Newton Wright et celle d’un de ses descendants conçu avec sa femme noire, auquel on interdit, des décennies plus tard, d’épouser une blanche car il a du sang noir. Ce qui entraîne quelques longueurs inutiles. Mais c’est un film très attachant qui mérite que l’on s’y arrête.