AVIGNON 10 juillet

Standing in time, Lemi Ponifacio

Lemi Ponifasio est un chorégraphe, danseur, metteur en scène, designer samoan et néo-zélandais, dont le travail ne peut être défini de façon conventionnelle. Il fonde, en 1995 MAU à Auckland en collaboration avec des artistes du monde entier. Dans ses œuvres où la lumière et l’obscurité, le noir et blanc se combattent, il a l’ambition de plonger le spectateur dans un espace onirique et cérémoniel, dans une pensée cosmogonique. Dès 2013 il initie, avec Stones in Her Mouth, un travail de plusieurs années sur les femmes maories dont la puissance évocatrice de vie se transmet par des chants oratoires anciens. Il a présenté en 2014 une création au festival d’Avignon, dans la Cour d’honneur, I AM.

Standing in time relève de la même démarche. Ponifacio nous dit qu’il a voyagé vers de nombreuses communautés en Nouvelle Zélande et au Chili où les femmes se heurtent aux mêmes problèmes. « Le sujet de ce projet est de donner un visage et une présence aux femmes face à leur entourage, en leur attribuant un rôle de dirigeantes en matière de langue, de santé, de logement et de tous les autres aspects de leur vie quotidienne. Avant la colonisation occidentale, les femmes maories et les femmes mapuches étaient les principales auteures et compositrices des chants, des poèmes, des cérémonies. C’était pour elles une des manières d’être les propriétaires de leur voix, de pouvoir dire tout ce qu’elles voulaient à la face du monde. » Effectivement c’est de cela dont il est question dans le spectacle. Une atmosphère sombre. Sept femmes et une huitième, toutes de noir vêtues, se font face, assises sur des bancs. Elles restent longuement ainsi puis finissent par entamer un chant, repris par la femme seule. Au cours du spectacle apparaît une femme, belle et jeune, tout habillée de blanc, avec une lance, qui entame un chant violent, guerrier, féroce car elle roule des yeux terrifiants.

Si je vous ai cité longuement les buts du chorégraphe, c’est qu’ils sont loin d’être évidents pour un public non averti. Ceci d’autant plus qu’aucun des nombreux chants qu’elles chantent magnifiquement et avec conviction n’est sous-titré. On ne comprend donc pas ce qu’elles expriment, d’autant que le rituel des gestes n’est pas clair non plus, et c’est dommage car cela enlève beaucoup d’intérêt au spectacle.

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