Auteur : Marie-Hélène Rebois est une réalisatrice française née à Nancy. Parallèlement à des études littéraires et à une formation théâtrale elle réalise ses premiers courts métrages. Elle développe dans ses films ses thèmes favoris, notamment la musique, la peinture, l’opéra et la danse. Elle obtient en 1999, le prix du long métrage documentaire du Festival international de films de femmes de Créteil pour son film tourné à l’Opéra national de Paris : Histoire d’un transmission, So Schnell à l’Opéra. La même année, elle reçoit la médaille Beaumarchais de la SACD. Elle travaille un an avec le Festival Montpellier Danse pour réaliser un film sur l’histoire du festival. Elle a notamment réalisé un film sur l’analyse du corps dans le mouvement dansé : Le Geste créateur. Noces d’or, la mort du chorégraphe, est le dernier volet de la trilogie que Marie-Hélène Rebois a imaginée et commencée après la mort du chorégraphe français Dominique Bagouet.
Trisha Brown est née en 1936 aux États-Unis et morte le 18 mars 2017. Elle est une figure importante parmi les principaux innovateurs du courant américain dit postmodern dance, notamment au sein du Hudson Dance Theater de New York. Les lieux de représentations étant peu ouverts ce sont bien souvent des endroits insolites qui lui servent d’espace de représentation, tels que les toits, la rue, les parvis d’institution. Elle développe peu à peu son propre langage chorégraphique et collabore pendant plus de 30 ans avec de nombreux artistes contemporains (plasticiens, compositeurs, musiciens). Par exemple pour Glacial Decoy écrit en 1979 elle a collaboré avec Robert Rauschenberg pour les décors et les costumes. À ce jour sa compagnie a près de 90 créations à son répertoire.
Analyse : Si vous aimez la danse contemporaine ne manquez pas ce documentaire tourné à l’occasion des répétitions de Glacial Decoy, pièce historique de la chorégraphe américaine Trisha Brown. Ce n’est pas un documentaire sur la chorégraphe. Vous n’apprendrez rien de sa vie, de son œuvre. En revanche vous comprendrez son apport à la danse contemporaine « post moderne ». Deux danseuses de la chorégraphe dirigent les répétions, Lisa Kraus et Carolyne Lucas qui reprennent le flambeau, ce qui ne manque pas de nous ramener à la question très particulière à l’art chorégraphique : la survie du travail des grands chorégraphes disparus, tels Merce Cunningham ou Pina Bausch. C’est auprès des danseuses de l’Opéra de Paris, considérées parmi les meilleures au monde, que les deux danseuses enseignent l’effort qu’elles doivent fournir dans ce spectacle. Un effort sidérant lorsque, à la représentation du spectacle, on les voit évoluer avec tant de souplesse et de facilité. Ce documentaire a le mérite de nous faire comprendre ce que cache une telle facilité. L’apport de Trisha Brown a été d’élaborer une danse basée sur le déséquilibre maîtrisé du corps. Elle a innové en dansant dans des espaces ouverts, sur des murs, sur des toits, sur des parois d’immeuble pour « défier la force de la gravité » et « trouver un équilibre dans la perte d’équilibre ». Un enchainement de mouvements qui ont l’air spontanés, naturels et improvisés mais qui sont en réalité travaillés au millimètre. Il s’agit pour ces danseuses de se « relâcher sans se dégonfler comme un ballon », de danser comme si leur bassin contenait de l’eau, de sauter en retombant en dehors de toute loi de la gravité, comme si leur corps choisissait de retomber, en faisant passer le flux de la pesanteur dans différentes parties de leur corps, loin d’une discipline athlétique. Ce précieux documentaire qui pourrait paraître austère, sans musique et peu de montage, est très pédagogique et nous immerge dans le monde d’une danse toute en sensibilité et en beauté pure.