Auteur : Né à Paris en 1933, Roman Polanski a passé son enfance en Pologne. Échappé du ghetto de Cracovie, il perd sa mère dans les camps et ne reverra son père qu’après la guerre. Dans les années 50, Roman Polanski tourne dans plusieurs films et entre à l’école de cinéma de Lodz, où il réalise plusieurs courts métrages. En 1962, il réalise son premier long métrage, Le Couteau dans l’eau. Nommé à l’Oscar du Meilleur film étranger, le film permet au jeune cinéaste de partir en Angleterre où il réalise, entre autres, le thriller Repulsion (Ours d’argent à Berlin), l’étrange Cul-de-sac (Ours d’Or à Berlin) et Le Bal des vampires. Ces succès lui permettent de réaliser son premier film hollywoodien en 1968, Rosemary’s Baby. L’année suivante, sa femme, Sharon Tate, est assassinée. Il revient alors en Europe pour tourner le très violent Macbeth. Mais c’est en 1974 qu’il obtient son plus grand succès public et critique avec Chinatown, qui reçoit 11 nominations aux Oscars. En 1977, poursuivit pour viol il fuit les États-Unis. Il réalise alors le mélodrame Tess (nommé 6 fois aux Oscars) en hommage à sa femme. Dans les années 80 et 90, il alterne des films commerciaux comme Pirates et La Neuvième Porte et des films plus intimistes comme La Jeune Fille et la Mort. Il connaît de nouveau le succès en 2002 avec Le Pianiste, film au sujet plus personnel, qui lui vaut la Palme d’Or à Cannes. Trois ans plus tard, il réalise Oliver Twist. Après une longue parenthèse, Polanski revient en 2010 avec le thriller The Ghost Writer. Puis il réalise Carnage, qui obtient un Lion d’Or à Venise. Suit La Vénus à la fourrure, sélectionné à Cannes en 2013.
Résumé : Delphine est l’auteure d’un roman intime consacré à sa mère, devenu best-seller. Éreintée par les sollicitations multiples et fragilisée par le souvenir, Delphine est tourmentée par des lettres anonymes l’accusant d’avoir livré sa famille en pâture au public. La romancière est en panne d’écriture, tétanisée à l’idée de devoir se mettre à son prochain roman. Son chemin croise alors celui de Elle, jeune femme séduisante, intelligente, intuitive. Elle semble comprendre Delphine mieux que personne. Delphine s’attache à Elle, se confie, s’abandonne. Jusqu’où ira Elle, installée à demeure chez la romancière ? Une relation qui au fil du temps devient de plus en plus inquiétante.
Analyse : Ce film a été projeté à Cannes en sélection officielle, hors compétition. Je n’avais pas eu l’occasion de le voir mais il a été éreinté par la critique. Polanski l’aurait modifié pour sa sortie en salle et certaines critiques se sont faites moins acerbes. Mais on ne peut pas dire qu’il ait soulevé un grand enthousiasme. Je ne l’ai pas détesté du tout. Certes ce n’est pas un des meilleurs Polanski mais c’est quand même du bon cinéma car on y retrouve le talent du cinéaste. Parti d’un roman du même titre, que j’ai personnellement beaucoup aimé, de Delphine de Vigan, prix Renaudot et Goncourt des lycéens en 2015, le réalisateur y a trouvé tous les thèmes qu’il aborde dans sa filmographie : les affres de la création, un regard critique et amusé sur une certaine société, la perversité, la manipulation d’un être par un autre, son emprise psychologique et physique, le huit clos psychanalytique oppressant, la douce descente dans la folie, le thème du double, de l’altérité ; on retrouve donc la veine de Cul-de-sac, de Rosemary’s Baby, de The Ghost Writer, au féminin cette fois, ou du Locataire. Le scénario, écrit en collaboration avec Olivier Assayas suit très fidèlement le roman et sa progression dans le cheminement du mal, dans une relation inquiétante et mortifère, jusqu’à cette fin imprévisible qui n’a pas pu déplaire au cinéaste : la fragile frontière entre la réalité et l’imaginaire, entre la raison et la folie, l’absurde des situations lorsque la romancière connaît un succès triomphal pour son nouveau roman … qu’elle nie avoir écrit ! La fin du film m’a parut un peu faible par rapport au roman. Je n’en écrirai pas davantage pour ménager votre surprise. Mais ceux qui auront lu le roman comprendront mieux le dénouement qui m’a paru moins explicite dans le film.