FESTIVAL DE CANNES 15 mai

Jia Zhang-ke est un cinéaste chinois habitué de Cannes où il avait obtenu en 2013 le prix du scénario pour A touch of Sin. Il présente son dernier film Les Éternels. Quel est le propos ? En 2001, la jeune Qiao est amoureuse de Bin, petit chef de la pègre locale de Datong. Alors que Bin est attaqué par une bande rivale Qiao prend sa défense et tire plusieurs coups de feu en l’air. Elle est condamnée à 5 ans de prisons. A sa sortie Bin a refait sa vie. Dix ans plus tard on la retrouve à Datong où, fidèle aux règles de la pègre, elle a remonté un tripot de jeu. Bin réapparaît infirme et diminué. Ce cinéaste nous livre une fois encore une analyse de l’évolution de la société chinoise et de la destruction des valeurs traditionnelles qui engendre le mal être et la dérive de nombreux citoyens. Le talent du réalisateur est au rendez-vous. On retrouve l’esthétisme de ses magnifiques plans, son sens de l’image et des couleurs, le soin apporté à la lumière. Film poétique et captivant dont le seul défaut majeur est, comme souvent, la longueur d’une dernière partie qui s’étire inutilement.

Pour son deuxième long-métrage, après Bang Gang, dans Les filles du soleil, Eva Husson s’est intéressée à la guerre qui a opposé l’organisation Etat islamique (EI) aux combattants kurdes en 2014 et 2015. Elle s’est attachée aux femmes kurdes qui ont pris les armes et ont affronté les forces du « califat ». Comme elle a annoncé que les noms des lieux et le détail des évènements avaient été changés elle s’est dispensée de nous donner quelques indications que ce soit sur le contexte historique et social de la formation de ces unités féminines, sur la complexité du conflit. Seul le contexte humain est abordé. Une journaliste française se retrouve parmi elles, blessée à l’œil et évacuée par moto comme l’ont été dans la réalité deux autres journalistes. Sa distance avec l’histoire n’est pas critiquable en soi. Mais ce qui est plus douteux c’est d’en avoir fait une chronique romanesque fondée essentiellement sur les relations affectives. Mais ce qui me paraît pire encore c’est que son film est d’une grande platitude, larmoyant, simpliste et pour lequel les flashes back tiennent lieu de mise en scène. Une série impressionnante de clichés éculés sur les films de guerre et la lassitude du journaliste. On ne comprend pas bien ce qui anime la journaliste française dont la motivation frise l‘inconscience. La lumineuse Golshifteh Farahani ne réussit pas à sauver un film à mon avis très raté.

Comme chaque jour vous pouvez suivre mes commentaires en direct de Cannes sur Fréquence protestante (FM 100.7), à midi après le flash d’information.

Laisser un commentaire