FESTIVAL DE CANNES 16 mai

Jafar Panahi, physiquement absent du festival car assigné en résidence en Iran, présente Les trois faces. Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice. Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, qui joue donc son propre rôle, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale. Film prétexte pour un réalisateur qui en principe n’a pas le droit de faire des films. Certes l’ombre de son aîné le grand réalisateur Abbas Kiarostami plane sur ce film. Mais Panahi en profite pour nous montrer les contradictions de la société iranienne et ses aspects rétrogrades. Le peuple aime le cinéma et accueille chaleureusement l’amie de Jafar Panahi qui joue dans une série télé, alors que la famille et le village poursuivent cette jeune femme auteur de l’appel au secours parce qu’elle veut faire la « saltimbanque » cette effrontée comme ils disent. Un film sobre, attachant, plein d’humour et de cette bonhomie propre au réalisateur. Un petit bonheur.

Hirokazu Kore Eda, le réalisateur fétiche de Cannes présente son dernier film, Une affaire de famille. Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. La femme d’Osamu accepte finalement de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs secrets… C’est encore dans la famille que le réalisateur de Tel père tel fils, ou Après la tempête ou encore Notre petite sœur pour ne citer que l’essentiel, vient puiser son inspiration. Mais ici une famille très particulière, une famille de cœur plus que de sang et très spéciale puisqu’il s’agit d’une famille pauvre comme le cinéma japonais en montre rarement. Une famille généreuse, libre, décomplexée, qui s’affranchit allègrement des règles sociales mais dans laquelle règne l’amour et la solidarité. Ces marginaux déshérités sont filmés avec beaucoup d’humanité, de sensibilité, d’empathie et de respect. On retrouve dans cette dernière œuvre, une des plus abouties, la virtuosité de ses mises en scène tellement méticuleuses ; la vérité nous est dévoilée très subtilement, par petites touches tout au long du récit, faisant mentir l’apparence qu’il nous a d’abord donnée. Un film magnifique et bouleversant, un de ses meilleurs qui comme Tel père tel fils mériterait une récompense.

Comme chaque jour vous pouvez suivre mes commentaires en direct de Cannes sur Fréquence protestante (FM 100.7), à midi après le flash d’information.

Laisser un commentaire