Le festival de danse contemporaine Montpellier danse 2018 a commencé et se déroule du 22 juin au 7 juillet.
Le 23 juin deux chorégraphies ont attiré mon attention.
La première, Sujets de Sylvain HUC.
Sylvain HUC n’est pas venu très tôt à la danse contemporaine. Il a commencé par une formation en histoire et histoire de l’art où il a achevé un essai d’anthropologie politique en histoire grecque autour de « Bestialité, sauvagerie et sexualité féminine en Grèce antique ». C’est après avoir assisté à Drumming d’Anne Teresa de Keersmaeker qu’il a découvert la danse contemporaine « de manière abrupte et inattendue », dit-il. Il intègre la formation du CDC de Toulouse en 2003. Après un parcours d’interprète, il prend la direction de la compagnie Divergences en 2014. Son travail se caractérise par une approche avant tout physique et très attachée au corps plus qu’à la danse proprement dite. Sa première création Le Petit Chaperon Rouge, connaît un grand succès. Puis Rotkäppchen, qui est une déclinaison adulte du même conte meurtrier, poursuit l’exploration de ce travail charnel entre érotisme et cruauté. Ensuite Kapput, pièce pour quatre interprètes qui s’attache au thème de l’échec et du ratage. En 2016 Boys don’t cry, trio masculin qui explore le viril, ses impasses, ses fragilités. Dans le prolongement de ce travail il crée un groupe de recherche avec des étudiants toulousains, Gameboy qui a pris aujourd’hui une dimension internationale.
Sujets continue cette exploration du corps. Cinq danseurs nus, trois hommes et deux femmes, sont assis, dans des positions lascives et décontractées avec un regard perdu et inexpressif. Au début en grand silence. Puis très doucement mais avec de plus en plus d’insistance arrive la musique, vibrante, synthétique et entêtante du compositeur italien Alessandro Cortini. Leurs visages prennent alors vie, leurs bouches émettent des sons, et ils s’animent avec des gestes saccadés, simiesques, bestiaux où l’on reconnaît parfois la démarche des premiers hommes. L’utilisation de la lumière stroboscopique permet de mieux découper les déplacements des danseurs. Ces corps en totale liberté, habillés seulement de la lumière de Fabrice Plaquette qui les plonge tantôt dans le clair obscur tantôt dans des nuances de couleurs chaudes, ne doivent pas être appréhendés comme objets de désirs, mais comme des objets débarrassés de toute charge érotique et qui se manifestent dans leur beauté pure. Cette approche naturiste est originale et intéressante. Elle nous donne une belle idée de la plastique humaine qui, sous cet angle, se révèle assez fascinante.
Le second spectacle est Far West de Magali Milian et Romuald Luydlin, compagnie LA ZAMPA.
Magali Milian suit la formation du conservatoire d’Avignon et de CNDC d’Angers. Romuald Luydlin se forme au butô avec Sumako Kosedi et au théâtre Nô auprès du maître Kano. Ensemble ils fondent la compagnie La Zampa où ils sont tous deux chorégraphes et interprètes. Depuis 2000 ils créent des pièces sous plusieurs formats, petites formes, pièces de groupe, court métrage et performances. En 2005 ils créent Dans le Collimateur qui précise leur lien avec la musique. Ils travaillent d’ailleurs avec le collectif Red Sniper, avec le guitariste Mars Sens, et créent des pièces souvent en relation avec la musique. La Zampa est artiste associée au théâtre de Nîmes de 2014 à016, années pendant lesquels la compagnie crée trois pièces. En 2017 elle conçoit BLEU.
Far West est une chorégraphie surprenante. Une peu de danse, beaucoup de déplacements lents, à pas calculés, qui traversent la scène en diagonale, de long en large. Huit danseurs qui portent et transportent des corps ou des objets, évoluent avec des bâtons posés au sol pour s’appuyer ou pour frapper, construisent un tipi avec ces bouts de bois. Ils se lancent dans une danse frénétique quelques instants durant, tournent sur eux-mêmes, assis au sol, comme feraient des enfants. Du Far West je n’ai pratiquement rien retrouvé. L’ensemble m’a paru assez ennuyeux et le public, tout comme moi, a été assez peu enthousiaste.