aSH, pièce pour Shantala shivalingappa d’Aurélien BORY
Aurélien Bory a plus d’une corde à son arc et cela transparaît dans ses réalisations. Né à Colmar en 1972 il commence des études scientifiques puis s’intéresse à l’art du cirque à Toulouse où il intègre en 1995 le studio de création du Lido, Centre des Arts du cirque à Toulouse. Il se forme ensuite comme acteur, se produisant au sein de la troupe de Mladen Materic, Le Théâtre Tattoo, de 1998 à 2000. En 2000 il fonde la Compagnie 111 dans laquelle il développe un théâtre à la croisée de nombreuses disciplines (théâtre, cirque, danse, musique, arts visuels). Ses œuvres sont animées par la question de l’espace, influencées par son intérêt pour les sciences, et s’appuient fortement sur la scénographie. En 2015 sa compagnie s’installe au Théâtre de la Digue à Toulouse. Il a une carrière internationale, ses spectacles étant représentés dans le monde entier. Ses pièces les plus connues sont Plan B (2003), Plus ou moins l’infini (2005), Plexus (2012) ou Azimut (2013). Il s’intéresse à la danse en mettant en scène le chorégraphe Pierre Rigal et crée une trilogie de portraits de femmes, Questcequetudeviens ? (2008) pour la danseuse de flamenco Stéphanie Fuster, Plexus (2012) pour la danseuse japonaise Kaori Ito et aSH (2018) pour la danseuse indienne Shantala Shivalingappa. Il crée pour le Festival d’Avignon Espaece (2016) d’après l’œuvre de Georges Perec Espèces d’espaces (voir ma fiche sur ce spectacle à Avignon 19 juillet 2016). Il met également en scène deux opéras dirigés par Tito Ceccherini, Le Château de Barbe-Bleue de Béla Bartok et Il Prigioniero de Luigi Dallapiccola. Il prépare pour octobre 2018 sur invitation de l’Opéra comique, la mise en scène de Orphée et Eurydice.
Shantala Shivalingappa née à Madras et élevée à Paris, est initiée dès son enfance à la danse par sa mère, la danseuse Savitry Nair. Elle se consacre au kuchipudi et se produit en solo, accompagnée de musiciens indiens pour faire connaître cette danse en occident. Dès l’âge de 13 ans elle a travaillé avec Maurice Béjart, Peter Brook, Bartabas, Pina Bausch et Ushio Amagatsu qui a créé pour elle un solo : Ibuki. Elle danse également avec Sidi Larbi Cherkaoui dans un duo Play (2012), dans Nineteen Mantras (2012), opéra moderne inspiré de mythes hindous, mis en scène par Giorgio Barberio Corsetti à la Scala de Milan. En 2013 elle remporte le Bessie Award, prix de la danse à New York pour « performance exceptionnelle » dans Shiva Ganga, un de ses soli kuchipudi. En 2014 elle travaille sur Impro-Sharana, un concert dansé avec le chanteur catalan Ferran Savall. En 2015 elle crée We Women, et en 2017 Bach, une collaboration avec la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton et le metteur en scène Stéphane Ricordel.
aSH est un spectacle d’une beauté saisissante, avec une scénographie originale et très séduisante. Shantala Shivalingappa a construit sa danse sur la figure du dieu Shiva, dieu de la danse, créateur et destructeur, qui est le dieu des lieux de crémations et qui se recouvre le corps de cendres. La cendre est un élément important de ce spectacle. Au début la danseuse dans la pénombre se trouve devant une grande tenture qui avec des projection vidéo et une musique faite essentiellement de percutions, semble se déchirer, se reconstituer avec fracas. Puis après une danse magnifique, elle trace sur le sol, avec de l’eau et de la cendre, en un cercle parfait qu’elle mélange ensuite avec d’autres cercles créés par sa danse, un véritable tableau. Le jeu de la danse et de la tenture fait penser à certaines scènes du théâtre d’Ariane Mnouchkine. Tenture qui à un moment se gonfle sur le bruit de la mer et qui comme une énorme vague vient ensevelir la danseuse. Spectacle magique d’un bout à l’autre, émouvant de pureté, de grâce et de beauté, qu’il ne faudra pas rater.
Un pur moment de grâce !
Ce spectacle aSH t’a manifestement beaucoup plu. J’avais entendu parlé de Aurélien Bory déjà et j’essaierai de ne pas loupé un prochain passage sur Paris peut-être donc à l’Opéra comique. Merci chère MJ. Marcel