Auteur : Olivier Meyrou est un réalisateur de documentaires français, né en 1966 à Antony. Après des études universitaires en littérature et communication, il entre à la Fémis dont il sort diplômé du département production en 1993. Il étudie ensuite à New York où il réalise quelques documentaires. Il est l’auteur de six longs métrages documentaires, deux tournés aux États-Unis en 1996 et 2004, puis Au-delà de la haine, Teddy Award à la Berlinale de 2006 et Prix du documentaire du film policier de Liège en 2010, Célébration en 2007, L’Avocat du diable en 2008, Acrobate en 2011 et Parade en 2013.
Résumé : Olivier Meyrou a posé sa caméra entre 1998 et 2001 au sein de la maison de haute couture Yves Saint Laurent et nous montre les dernières années de cette maison parisienne et de son créateur, Yves Saint Laurent.
Analyse : C’est un beau documentaire, poignant, crépusculaire et plein de mélancolie. La célébration d’un grand artiste, adulé par ses collaborateurs et collaboratrices, guidé par un Pierre Bergé protecteur, attentif et sévère, craint de tous, menant tout ce monde à la baguette. Le visage du grand maître est pathétique. Au travers de son regard fuyant et hagard, on devine toute sa détresse, ses terreurs, sa dépression, sa fragilité d’artiste. On éprouve même un certain malaise devant ce visage vieillissant et maladif, son élocution balbutiante ; mais le talent est toujours là. Les premières images montrent une main hésitante qui dessine, avec la lenteur de la réflexion, l’esquisse d’une robe qui deviendra un modèle de haute couture. Après les films de Jalil Lespert et Bertrand Bonello nous avions gardé l’image d’un Saint Laurent jeune, dynamique, au plus haut de sa création. Toutefois le film de Meyrou ne se veut pas un documentaire sur l’homme, mais davantage sur un monde finissant et les derniers instants d’une icône toujours vénérée.
Il aura fallu près de 13 ans pour que Pierre Bergé, avant de mourir, accepte la diffusion du film. Sans doute parce qu’il montre la fin d’un monde qui a été le sien et la déchéance physique de celui qui a été son compagnon d’une vie.
Avec de très belles images, des instants qui paraissent volés, une musique électronique rythmée et discrète qui accompagne bien son propos, un montage subtil fait de ruptures avec le temps en dehors de toute chronologie, le réalisateur nous entraîne avec mélancolie et douceur dans le crépuscule d’un dieu.