Né en 1971 au sein d’une famille moscovite de confession juive, fils d’un père ingénieur et d’une mère professeur de piano, Ievgueni Kissin commence à jouer du piano dès l’âge de deux ans, et entre à six ans dans la très prestigieuse Académie russe de musique Gnessine de Moscou où il étudie avec Anna Pavlovna Kantor. Il est considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands pianistes de notre temps. Sa renommée est précoce : il est devenu célèbre très tôt comme enfant prodige. À l’âge de 10 ans, il débute dans la musique orchestrale en interprétant le Concerto KV. 466 de Mozart, et l’année suivante, donne son premier récital à Moscou. Ses talents sont remarqués sur la scène internationale en 1984, où il joue les deux concertos pour piano de Chopin dans le Grand Hall du Conservatoire de Moscou avec l’Orchestre philarmonique de Moscou sous la baguette Dmitri Kitaïenko. Kissin commence à se faire remarquer en Europe en 1987 au Festival de Berlin et il joue en 1988 et 1989 sous la direction d’Herbert von Karajan le Concerto pour piano n. 1 de Tchaïkovski. Il fait ses débuts aux États-Unis en 1990 où il ouvre la centième saison du Carnegie Hall à New-York. Il participe en 1992 aux Grammy Awards et donne le premier récital de piano dans l’histoire des Proms londoniens en 1997. Il a le plus souvent interprété les œuvres des grands compositeurs classiques et romantiques tels Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Chopin, Liszt ou Brahms. Il avoue néanmoins que son compositeur favori reste Johann Sebastien Bach. Il a reçu de très nombreux prix, notamment le Crystal d’Osaka, le prix Chostakovitch et le prix Herbert von Karajan. Il est le plus jeune pianiste à avoir reçu le Prix de l’Instrumentiste de l’Année, décerné par le Musical America.
Le premier concert du festival a commencé par l’Ouverture des Maîtres chanteurs de Nuremberg interprétée par l’orchestre philharmonique de Radio France sous la direction d’Andris Poga. Puis Kissin est enfin intervenu pour interpréter le Concerto n. 1 pour piano et orchestre en mi bémol majeur de Liszt. Quel bonheur ! Liszt joué par Kissin devient un enchantement alors qu’il n’est pas un de mes compositeurs préférés. Un touché d’une grande subtilité où le piano se faisait à peine entendre, avec la fouge nécessaire au moment opportun, des dialogues avec les violons, la flute traversière ou la clarinette absolument magnifiques. Le public a été tellement enthousiaste qu’il nous a gratifié de quatre bis avec une grande générosité, la Valse opus 64 n°1 en ré bémol majeur de Chopin, un morceau de sa composition, Tango dodécaphonique, Bagatelle opus 33 n°2 en do majeur de Beethoven, puis la Valse opus 39 n°15 en la bémol majeur de Brahms.
En seconde partie l’orchestre a interprété des extraits de Roméo et Juliette de Prokofiev avec en bis La valse triste de Sibelius. Un programme très frustrant car nous aurions aimé avoir un peu moins d’orchestre et un peu plus de Kissin.