Montpellier Danse 2 juillet

Camille Boitel est un acrobate, danseur, comédien, musicien, artiste de cirque. Formé très jeune à l’école d’Annie Fratellini, il y fait ses premières armes. Il crée un personnage décalé à « l’humour désastreux et désastré ». Cet « Homme de Hus« , son double, se situe aux antipodes du cirque traditionnel. Le spectacle lui permettra d’obtenir un prix Jeunes talents du cirque en 2002. Il fonde ensuite la compagnie Lamereboitel. Il y aura L’immédiatLe Cabaret calamiteux ou Fissures, autant de créations aux frontières des genres circassiens, pleines d’énergie et d’humour. Dans une esthétique proche de celle de la compagnie du Hanneton, Camille Boitel a une vision politique du théâtre. Il manifeste un goût pour le catastrophisme et la cacophonie visuelle. Le corps et le mouvement, en chute libre, dans leur opposition à un espace encombré, sont ses vecteurs principaux. En 2017, il s’associe à Sève Bernard : danseuse révélée auprès d’Anne-Marie Porras à Montpellier avant le Centre national de danse contemporaine d’Angers puis le Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne, écrivaine de plateau. Elle participe aux spectacles de Camille Boitel Lancée de chute (2018) et Calamity Cabaret (2018) avant de cosigner avec lui 間 (ma, aida, …) (2019).

間 (ma, aida, …) théâtre sur le théâtre dans un théâtre, présente 36 spectacles en un seul de 50 minutes. Des cartons nous annoncent tantôt que c’est le début de la fin puis de la première partie et finalement, Fin.  Création peu commune, entre le cirque et la danse, dans un univers cacophonique où la scène s’effondre constamment sous les pas des personnages, dont certains disparaissent carrément dans un trou en abandonnant leurs oripeaux sur scène. Des meubles qui penchent, qui s’enfoncent, qui s’écroulent où l’on craint pour les personnages qui arrivent malgré tout à trouver leur équilibre dans ce capharnaüm d’une scène de cent mètres carrés qui ne résiste pas à leur poids. C’est d’une drôlerie irrésistible. Un spectacle plein de poésie où il est question d’amour, de plusieurs variations autour de l’amour, du désamour, où dans les éclairs intermittents d’un projecteur les deux personnages apparaissent tantôt amoureux, tantôt séparés, tantôt en dispute qui paraît violente. Les moments calmes sont ponctués par la musicienne japonaise Tokiko Ihara qui souffle dans son orgue à bouche. Finalement tout l’univers s’effondre. C’est un ravissement plein de joie, de mélancolie et de beauté.

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