WONDER BOY, Olivier Rousteing, né sous X

Auteur : Anissa Bonnefont, née en 1984, est une actrice, productrice, réalisatrice française. Elle est l’autrice de trois courts métrages, Hasta la Vista Fanfan (2009), prix du Jury du festival Filmez Jeunesse de Nanterre 2010, Une nuit dans Paris (2011), The eyes of my father (2017), et d’un documentaire Wonder Boy, Olivier Rousteing né sous X (2019). Elle est l’autrice du clip L’Ultimo Ostacolo (2019) et a réalisé deux films publicitaires, pour la maison Balmain (2017) et pour Celine (2019).

Résumé : Olivier, petit garçon noir, né sous X, adopté par une famille bordelaise blanche à l’âge de 1 mois, ne connaît pas ses parents biologiques. Aujourd’hui, il ne peut plus vivre sans savoir d’où il vient et décide de partir sur les traces de son histoire. Le film raconte ce voyage, pavé de douloureux moments et de belles découvertes.

Analyse : Ce biopic sur la vie d’Olivier Rousteing, est un documentaire très émouvant, sensible, juste et profondément touchant. Né en 1986, il a pris, à l’âge de 24 ans, la direction artistique de la maison de couture Balmain, devenant le plus jeune directeur artistique en France après Yves Saint-Laurent. Il a aujourd’hui 34 ans et a obtenu un succès foudroyant, faisant de la maison Balmain une des plus influentes dans le milieu de la mode, multipliant par six le chiffre d’affaire de la maison depuis son entrée en fonction. Il est flamboyant, original et suffisamment iconoclaste pour justifier un pareil succès. C’est un travailleur acharné et exigeant, pour les autres et pour lui-même. Ce film n’est pas un documentaire sur le monde de la mode à travers la vie d’Olivier Rousteing, même si l’on y pénètre par nécessité, mais sur une blessure profonde qui hante Olivier depuis son adolescence : il est un enfant abandonné à sa naissance, né sous X, et adopté. Certes, il a été recueilli par une famille bordelaise aimante, qui lui a donné tout l’amour dont il avait besoin pour se construire. Mais très tôt il se pose des questions. Il est noir dans une famille blanche. À 16 ans déjà il avait fait une première démarche auprès de l’Aide sociale à l’enfance (anciennement la DDASS) pour voir ce que contient son dossier. Mais il a rebroussé chemin à la dernière minute. Après une rencontre avec la réalisatrice, abandonnée elle-même par son père à l’âge de trois ans, il accepte de poursuivre cette démarche et d’être filmé. C’est donc ce parcours, émaillé des réflexions qu’il se fait – et nous fait – sur le sens de sa démarche que nous suivons pas à pas. On découvre un être brillant, très à l’aise dans ce milieu que l’on dit frivole, qui ne l’est absolument pas à mon sens, où prédomine la recherche de la beauté, très entouré de femmes superbes et de couturières à sa dévotion, d’une très grande sensibilité, mais qui traverse une crise de confiance et connaît des moments terribles de solitude et de doute. Se sachant un enfant abandonné, l’inconnu de ses origines le taraude. Le documentaire montre très bien le sentiment de culpabilité qu’il nourrit vis-à-vis de sa famille adoptive, à vouloir rechercher ses parents biologiques. Mais il a besoin de percer le mystère de ses origines. « Quand tes parents ne te veulent pas, tu te demandes pourquoi tu es là … Tant que je ne sais pas qui je suis, je ne pourrai pas m’aimer ». Ses affres devant la lenteur de l’administration, ses craintes devant la vérité nous le rendent terriblement attachant. Jusqu’au moment où le jour est venu d’ouvrir son dossier d’abandon en compagnie d’une psychologue. Comment ne pas pleurer avec lui quand il apprend que sa mère était une toute jeune somalienne de quinze ans, si étroite qu’il a fallu pratiquer une césarienne ? Elle ne l’a jamais vu. Il pleure devant son écriture d’enfant qui indique qu’elle ne le veut pas car elle veut continuer ses études. Elle est en 5ème ! toutes sortes de questions sur son père, un éthiopien de 21 ans, lui traversent l’esprit. Moments d’émotion intense qu’Anissa Bonnefont filme avec délicatesse et sans complaisance. Une œuvre émouvante, particulièrement juste, qui nous montre la souffrance terrible que représente l’abandon et la quête d’identité.

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