Auteur : Viggo Mortensen, né en 1958, est un acteur, réalisateur, scénariste, producteur, musicien, photographe, peintre et poète américano-danois. Il suit une formation d’acteur et commence sa carrière en 1982. Il fait ses débuts dans le film Witness (1985), et enchaîne les films mineurs. Il lui faut attendre 1991 pour que Sean Penn, réalisateur, révèle son talent dans The Indian Runner. Mais si les tournages continuent à un bon rythme, Viggo Mortensen ne retrouve pas de rôles aussi marquants. Il lui faudra attendre les années 2000 pour avoir une reconnaissance internationale. Sa prestation la plus mémorable demeure encore aujourd’hui celle d’Aragorn dans la trilogie du Seigneur des anneaux (2001 à 2003) de Peter Jackson. Il enchaîne ensuite les rôles et s’éloigne des grosses productions pour se concentrer sur un cinéma d’auteur, A History of Violence (2005) et Les Promesses de l’ombre (2007) avec David Cronenberg, qui lui vaut une nomination aux Oscars 2008. Après plusieurs autres films il joue dans The Road, prix Pulitzer de la Fiction en 2007, sous la direction de l’Australien John Hillcoat. Il retrouve Cronenberg en 2010 en incarnant Sigmund Freud dans A Dangerous Method, rôle qui lui vaudra de recevoir en mars 2012 le prix Génie de la meilleure interprétation masculine dans un rôle de soutien. Il continue à tourner dans de nombreux autres films. Son rôle dans Green Book : sur les routes du sud (2018) de Peter Farelly (voir la fiche du 11 février 2019) lui vaut des nominations pour l’Oscar et le BAFTA du meilleur acteur. Falling (2020) est sa première réalisation, sélectionnée au Festival de Cannes 2020.
Interprètes : Viggo Mortensen (John, le fils) ; Lance Henriksen (Willis, le père) ; Sverrir Gudnason (Willis jeune) ; Hannah Gross (Gwen, la mère).
Résumé : John vit en Californie avec son mari et leur fille adoptive, loin de la vie rurale qu’il a quittée voilà des années. Son père, Willis, un homme obstiné issu d’une époque révolue, à l’esprit défaillant, vit désormais seul et coupé du monde dans la ferme familiale. John l’accueille avec l’espoir de trouver au vieil homme un foyer plus proche de chez lui. Il se heurte cependant à l’impossibilité de vivre avec lui et à ses refus constants d’accepter tout autre mode de vie que le sien.
Compte tenu de la profusion de films présentés, et jusqu’à la normalisation de la situation, j’ai décidé de vous présenter tous les films que je vais voir, même ceux que je n’ai pas beaucoup aimé.
Analyse : Viggo Mortensen, ce merveilleux acteur, passe derrière la caméra pour nous conter une histoire très personnelle. Même s’il se défend d’avoir fait un film autobiographique, il y a des résonnances dans son passé. Il a commencé l’écriture de son film juste après la mort de sa mère et ses parents auraient, parait-il, souffert de démence sénile. Il y a incontestablement un accent de vérité et il s’en dégage beaucoup de sensibilité et une grande douleur. « J’y ai mis toutes mes tripes » dira-t-il. C’est, en arrière-plan l’histoire de l’Amérique d’aujourd’hui avec ses multiples fractures, celle du monde des campagnes conservateur et celui des villes, celle des Démocrates et des Républicains, celle de la vision de la famille, un papa une maman, avec celle que vit John, marié avec un autre homme qui ont adopté une petite fille. Choc des cultures, choc des générations. On est saisi par la vision de la vieillesse lorsque qu’elle bascule dans son monde irréel et sans frontières. C’est pendant les premières cinquante minutes tout l’intérêt du film.
Mais la mise en scène et le scénario ne sont ni à la mesure d’un tel sujet, ni à la hauteur des attentes que suscitait ce film. On finit par se lasser des élucubrations et des braillements constants d’un vieux connard fou, violent, méchant, raciste, homophobe et macho (toutes des « putes »). Un film qui devient éprouvant à force de voir la répétition de scènes conflictuelles strictement ponctuées par d’incessants flash-back. Certes ces rappels du passé font sens pour ce vieux fou mais cette structure répétitive étouffe l’émotion et plombe le film. Il est étonnant et rageant de voir la passivité de John et des autres devant les insultes répétées du vieux. Personne ne lui tient tête, sauf un petit -fils, jeune adolescent aux cheveux bleus. Il en résulte un jeu de Viggo Mortensen avec des mimiques constamment navrées qui en devient monotone, sauf une colère salutaire mais bien tardive qui intervient dans les derniers moments du film.
Certains dispositifs de la mise en scène sont éculés, la lumière vive des souvenirs, le sombre du présent. On est soumis à une avalanche de belles images de la nature et des paysages mais qui sont présentées comme si l’on feuilletait un livre d’images. Séduisant au départ ce film devient long, très long.