Autrice : Nine Antico, née en 1981, est une illustratrice, autrice de bandes dessinées et réalisatrice française. Elle commence sa carrière en réalisant son propre franzine (petit magazine imprimé distribué librement, réalisé par des auteurs indépendants, souvent avec un axe contestataire ou provocateur) Rock This Way. Elle a ensuite édité de nombreuses bandes dessinées (notamment Le Goût du paradis, Coney Island Baby, Girls Don’t Cry, America). En 2019 elle écrit le scénario d’Il était deux fois Arthur, avec le dessin de Grégoire Carlé. Elle a également réalisé des illustrations pour des collections. En 2013 elle réalise un court métrage, Tonite adapté d’une de ses bandes dessinées. Playlist est son premier long métrage.
Interprètes : Sara forestier (Sophie) ; Laetitia Dosch (Julia son amie) ; Pierre Lotin (Jean) ; Andranic Manet (Benjamin) ; Mathieu Lescop (François) ; Grégoire Colin (le boss).
Résumé : Chronique des mésaventures sentimentales et professionnelles d’une presque trentenaire qui se rêve dessinatrice de BD et galère entre jobs alimentaires et mecs fuyants.
Analyse : C’est un film charmant, rafraichissant, d’une rare justesse. Nine Antico l’a réalisé avec son regard de bédéaste. Une série de courtes situations tragi-comiques, comme des planches de dessin, qui donne au film une grande légèreté. Comme la réalisatrice, Sophie est dessinatrice et veut en faire son métier. Mais elle va de déconvenues en déceptions, trop vieille à 26 ans pour intégrer une école (« Et après 25 ans, on va se faire foutre ? »). Elle en est encore aux colocations précaires, aux petits boulots alimentaires et cherche désespérément le grand amour, toujours déçue par une brochette de mâles dont aucun n’est à la hauteur. A chaque espoir, gros plan sur le garçon dont le prénom s’inscrit en bas de l’écran puis qui est barré. Malgré un propos qui pourrait être pesant et tragique : la galère de Sophie tant sur le plan amoureux que professionnel, Nine Antico en fait un film plein de drôlerie, de fraicheur, de liberté, magnifiquement joué par des comédiens qui lui insufflent toute leur énergie. On retrouve le regard d’éternelle étonnée de Sara Forestier, sa candeur désarmante que les misères de la vie quotidienne ne semblent pas atteindre. Sophie est épaulée dans sa vie par son amie Julia, pleine de fantaisie, aussi paumée qu’elle et plus déjantée encore. Un cinéma vérité dans lequel beaucoup pourront se reconnaitre. Au passage et sans prétendre faire de morale la réalisatrice dresse une satire acide du milieu intello de la BD.
A la façon Nouvelle vague, Nine Antico utilise un beau noir et blanc et ponctue les actions de Sophie par la voix-off, chaleureuse et facétieuse, du chanteur Bertrand Belin, qui souligne ses problèmes existentiels. La musique est omniprésente et justifie le titre du film, True Love Will Find You in the End, tube confidentiel de Daniel Johnston bien connu des amateurs de pop underground ou la belle chanson Les yeux pour pleurer par Nana Mouskouri sur les paroles de Serge Gainsbourg. Un film touchant et juste, une belle surprise.