Juho Kuosmanen est sans doute l’un des noms les moins connus au sein des réalisateurs présents en compétition à Cannes 2021. Il avait pourtant remporté en 2016 le Grand prix Un certain regard avec son Olli Mäki. Il présente son second long métrage, Compartiment 6. Laura, jeune Finlandaise venue étudier le russe à Moscou, vit une romance avec la jeune professeure de littérature chez qui elle loge. Passionnée d’archéologie, elle rêve d’aller voir les pétroglyphes, vieux de 10000 ans, à Mourmansk, port situé sur la mer de Barents. Dans le train de nuit qui l’emmène vers le Grand Nord, Laura partage le compartiment numéro 6 avec Ljoha, un jeune mineur russe qui boit beaucoup, est vulgaire, inquiétant, agressif, obsédé sexuel, au point que la jeune femme songe à quitter le train à Saint-Pétersbourg. L’action se situe autour des années 90. L’intrigue est des plus simples : c’est la cohabitation pendant ce long voyage de plusieurs jours entre ces deux êtres que tout sépare, une jeune intellectuelle occidentale et un ouvrier russe. La première partie du film s’attarde sur l’atmosphère lourde de menaces dans ce wagon et le mal être de Laura. Puis à l’étape de Saint-Peterbourg s’amorce un virage. Sans explications psychologique ces deux être vont se rapprocher et le rustre s’adoucit, montre ses failles, son humanité, alors que Laura, contre toute attente va vers lui et se métamorphose à son contact. Le ton est juste, les images magnifiques. Le cinéaste décrit parfaitement cette Russie profonde avec ses décors décrépis, mais je n’ai pas été convaincu par ce film qui a soulevé l’enthousiasme de certains.
L’acteur et réalisateur Sean Penn est de retour sur la Croisette après l’échec de son film, The last Face, qui avait été présenté en compétition il y a cinq ans, faisant l’unanimité contre lui. Son film, Flag Day, est adapté des mémoires de la journaliste américaine Jennifer Vogel, retraçant sa relation tumultueuse avec son père John braqueur de banque et faux-monnayeur. John (Sean Penn) est né un 14 juin, le jour célébrant l’adoption de la bannière étoilée comme drapeau national en 1777, le flag day. C’est un homme plein de charme et de charisme qui arrive à enchanter le quotidien de ses deux enfants, Jennifer (Dylan Penn) et Nick (Hopper Jack Penn, une affaire de famille on le voit), mais un escroc. John ne fait qu’accumuler les dettes et finit un jour par quitter la maison laissant femme, enfants et dettes. Le film met l’accent sur les relations touchantes entre le père et la fille qui n’arrive pas à croire à quel point il ment mais doit bientôt se rendre à l’évidence et construire sa propre vie. C’est également. la dénonciation des dérives du rêve américain avec son injonction de réussir, c’est-à-dire de gagner de l’argent. L’usage de l’argentique donne de très belles images. Toutefois une mise en scène classique voire conventionnelle, l’usage immodéré de flash-back gâche un film qui est loin d’être mauvais.