Julia Ducournau est une jeune réalisatrice française de 37 ans qui revient à Cannes après le grand succès rencontré par son film Grave prix FIPRESCI en 2016, multi récompensé par ailleurs. Dans son film Titane, elle poursuit dans le film de genre. Une petite fille très spéciale survit à un accident de la route grâce à un ajout métallique en titane dans son cerveau. Devenue jeune femme, elle danse de manière très suggestive sur le capot des automobiles d’un salon auto. Elle se transforme ensuite en serial tueuse trucidant de nombreuses victimes avec un pic à cheveu. Elle doit se métamorphoser en garçon pour échapper à la police. Elle se réfugie dans une caserne de pompiers où le capitaine des pompiers (Vincent Lindon), un homme seul qui a désespérément besoin de tendresse la prend pour son fils qui a été kidnappé quinze ans auparavant. Le but de la réalisatrice est de bousculer les stéréotypes du genre. Pourquoi la violence serait-elle vue chez les femmes comme une anomalie de la nature et un domaine réservé aux hommes ? Pourquoi devraient-elles accepter la maternité ? Pourquoi les hommes ne pourraient être tendres et délicats ? Le genre n’a pas un seul visage. La première partie du film est d’une violence inouïe. Les corps des personnages sont meurtris, assassinés, violés, mutilés, auto-mutilés avec une explosion d’hémoglobine et de sécrétions en tout genre au point d’en avoir l’estomac retourné. La seconde partie avec un Vincent Lindon adepte de la gonflette, quasi méconnaissable, déglingué, pathétique, est plus calme bien que présentant des scènes d’autodestruction d’un corps enlaidi. La réalisatrice insiste sur la transformation par l’amour de ces deux écorchés vifs. Si les thèmes sont intéressants, la mise en scène audacieuse, était-il nécessaire de faire un film aussi trash, aussi gore, avec des scènes de sexe cru, des corps enlaidis, un chaos de violence ? Il faut aimer ce genre de film que les français, après les américains, semblent apprécier de plus en plus.
Sean Baker est un réalisateur américain principalement révélé par Tangerine en 2015 et pour sa comédie dramatique The Florida Project en 2017. Il dresse dans Red Rocket le portrait de Mikey Saber, une ex-star du porno qui revient s’installer dans sa petite ville natale du Texas avec 20 $ en poche. C’est un être hâbleur, manipulateur, cynique. On retrouve dans ce film tous les éléments du cinéma de Sean Baker, la description d’une Amérique pauvre, ruinée, survivant sans autre perspective que l’alcool et la drogue. C’est un film dérangeant en ce sens que, à la différence de Sean Penn dans Flag Day, ce réalisateur n’a aucune sympathie pour ses personnages et donne l’impression d’exploiter la misère d’une certaine Amérique au service de son cinéma. Un film qu’on oubliera vite.