À demain mon amour

Auteur : Basile Carré-Agostini est un directeur de la photographie, Ingénieur du son, monteur, réalisateur français. À demain mon amour est son premier documentaire. Il a été directeur de la photographie et ingénieur du son notamment dans le documentaire de Vincent Glenn Indices (2011).

Résumé : Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon (respectivement 75 et 79 ans) sont deux sociologues français très réputés. Ils ont travaillé essentiellement sur les classes supérieures (en particulier la grande bourgeoisie parisienne), la ségrégation urbaine ou l’homogamie. Le documentaire les suit dans leurs activités et leur combat contre le système capitaliste planétaire. 

Analyse : Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon ont été respectivement directrice et directeur de recherche au CNRS. Ils sont à la tête de très nombreux ouvrages écrits à quatre mains où ils analysent les rites, la culture de l’entre-soi et la transmission dans ces castes fortunées. Basile Carré-Agostini les filme pendant cinq ans avec respect et bienveillance. Il les montre dans leur intimité, dans leur pavillon de Bourg-La-Reine, le soir au coucher, le matin au petit déjeuner, la journée dans leurs très nombreuses activités. Ils sont tous deux à la retraite mais n’arrêtent pas de lire, d’écrire, d’échanger, de s’informer. Dégagés du devoir de réserve qui incombe à tout chercheur, ils montrent nettement leurs préférences politiques. Très à gauche, ils n’arrêtent pas de faire des conférences, de rencontrer des jeunes. Une scène édifiante où ils emmènent des jeunes lycéens de banlieue avenue Montaigne. Le regard ahuri de ceux-ci devant la carte d’un hôtel qui affiche un brunch à 120€ ou devant une vitrine étiquetant des sandales à 700€ en dit long. « C’est un autre monde » dit une lycéenne. Monique Pinçon-Charlot les réunit, debout autour d’elle, évoque la violence symbolique qu’ils ont subie et leur recommande de surtout ne pas se laisser impressionner dans leur vie, de rester debout. Les deux chercheurs sont curieux de tout, terriblement humains et drôles. Ils participent à tous les évènements importants de la vie sociale. On les voit, malgré le danger, aux côtés des gilets jaunes, carnet en main, interrogeant inlassablement les manifestants pour comprendre, analyser, commenter. On les voit main dans la main à la fête de l’Huma, parcourir les stands, reconnus par certains, avec en toile de fond la si belle chanson de Jean Ferrat, Ma France. Ces deux-là sont inoxydables et forcent l’admiration. Il est émouvant de les voir après cinquante ans de vie commune, amoureux et complices dans toutes leurs entreprises, le militantisme chevillé au corps, résolument engagés en faveur des classes populaires, rêver d’une révolution pour changer ce monde inégalitaire, s’insurger contre la grande bourgeoisie de la finance et les abus du capitalisme. Un documentaire réjouissant qui a suscité les applaudissements de la salle. 

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