Valéria Bruni Tedeschi présente en compétition officielle Les Amandiers. C’est une actrice, scénariste et réalisatrice franco-italienne. Elle a joué dans de nombreux films sous la direction notamment de Patrice Chéreau, Jacques Doillon, Bertrand Blier ou Mathieu Kassovitz. C’est également une comédienne de théâtre. Elle a réalisé sept longs métrages et a obtenu de nombreuses récompenses en qualité d’actrice mais également de réalisatrice. Son premier film Il est plus facile pour un chameau a obtenu le Prix Louis-Delluc 2003, Actrices a obtenu le Prix spécial du jury Un certain regard à Cannes 2007. Elle a également obtenu en 2019 le Prix René-Clair de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre cinématographique. Nous sommes à la fin des années 80. Un groupe de jeunes de 20 ans passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des Amandiers de Nanterre. Ils sont beaux, jeunes, avides de réussir, croquent la vie sans souci du danger, fument, se droguent pour certains, dans une ambiance de fête, de rigolades, de folle camaraderie, d’amour charnel et sentimental. Ce sont ces années de magie et de tragédie aussi que filme la réalisatrice. Patrice Chéreau, plus vrai que nature pour ceux qui l’ont connu est magnifiquement incarné par Louis Garel. Pierre Roman le directeur de l’école, est incarné sous les traits de Micha Lescot. La réalisatrice reste fidèle à elle-même car ce film est dans la lignée de sa filmographie où elle revisite volontiers sa vie, ses amours. Ici ce sont ses débuts au théâtre car elle a fait partie de la bande à Chéreau, qui les a formés au théâtre, avec Vincent Perez, Eva Ionesco ou Marianne Denicourt. Il a monté avec eux Platonov qui a été joué au festival d’Avignon en 1987 et a représenté aussi la fin de l’aventure. Valéria Bruni-Tedeschi se défend de faire une reconstitution ou un documentaire, mais on n’est pas loin. C’est un film dynamique, intéressant, très bien joué, qui s’étire en longueur sur la fin. Les critiques sont bonnes et il risque d’être au palmarès. Je dirai pour ma part que ce n’est pas celui que je préfèrerais y voir figurer.
Park Chan-wook, né en 1963, et un réalisateur et scénariste sud-coréen. Il revient à Cannes avec un nouveau film Decision to leave. Il n’est pas inconnu du festival de Cannes où il a obtenu le Grand Prix pour Old Boy en 2004 et le Prix du jury ex-aequo en 2009 pour Thirst, ceci est mon sang. Ses films ont souvent de sujets assez noirs ou fantastiques. C’est un cinéaste engagé à gauche, placé sur la liste noire du gouvernement secrètement placé sous surveillance par les autorités et privé de subventions publiques. Son film est conforme à l’essentiel de sa filmographie. C’est un polar avec un jeu de manipulation sur fond de romance toxique, favorisée par l’obsession du policier à poursuivre une suspecte dont il tombe amoureux. On ne sait pas si les nuits qu’il passe à la surveiller relèvent du travail ou du voyeurisme. Une mise en scène où le temps et le lieu se télescopent, avec des plans décalés, parfois caricaturaux, un écran souvent partagé avec une même scène vues sous plusieurs points de vue. Un film habile mais qui à force de vouloir faire des plans originaux étouffe l’émotion.
David Cronenberg, né en 1943, est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste canadien. Il est présent dans la compétition avec Crime of the future. Il a obtenu le Prix spécial du jury au Festival de Cannes en 1996 pour Crash. Sa filmographie peut se caractériser par l’étude du corps humain sous un aspect angoissant et monstrueux, le rapport de l’humain avec la technologie, la dégénérescence du corps social. Ce film coche toutes les cases et ne décevra pas ceux qui aiment ce réalisateur. Un cinéma qu’il faut aimer.
Merci MJC