Autrice : Michale Boganim, née en 1977, est une réalisatrice et scénariste franco-israélienne. Elle grandit en Israël jusqu’à 7 ans, puis sa famille émigre en France et s’installe à Arcueil. Elle commence par étudier la philosophie avant d’étudier l’anthropologie sous la direction de Jean Rouch. Elle intègre ensuite la prestigieuse National Film and Television School en section réalisation. Mémoires incertaines (2003), son premier film, fiction mélangée de documentaire d’archives, remporte le Prix Gras Savoy à la quinzaine des réalisateurs à Cannes. En 2005, Odessa… Odessa !, son premier long métrage, documentaire, est sélectionné à Berlin et à Sundance. En 2006, elle réalise Macao sans retour, un documentaire produit par Arte qui sera sélectionné au festival de Rotterdam. En 2012, elle tourne La Terre outragée, sa première fiction consacrée à la catastrophe de Tchernobyl, présenté à la Mostra de Venise et dans plus de 50 festivals dans le monde.
Résumé : Documentaire sur l’histoire de ces juifs du Maghreb ou d’orient qui sont arrivés pleins d’espoir en Israël dans les années 50/60, en quête d’une terre promise qui s’est révélée très loin de leurs espérances.
Analyse : Michale Boganim veut témoigner contre l’oubli d’une histoire peu connue et soigneusement occultée par Israël, celle de sa famille, et spécialement de son père, juif marocain qui a débarqué en Israël en quête de cette terre tant promise et convoitée. Un film également sur la transmission puisqu’elle raconte cette épopée à sa propre petite fille, souvent en voix off, une voix chaude et nuancée qui ressemble de façon très troublante à la voix de Jeanne Moreau. La réalisatrice a transporté sa caméra de de ville en ville, recueillant le témoignage de plusieurs générations d’hommes et de femmes, toujours amères d’une dure réalité qui persiste aujourd’hui encore. Lorsque ces centaines de juifs, venus du Maroc, d’Algérie, d’Irak, du Yémen, d’Iran, de Turquie, du Kurdistan, etc…débarquent en Israël, ils espèrent vivre à Jérusalem. C’est du moins ce qui leur avait été promis. Ils ont tout quitté pour rejoindre cette terre tant espérée. Des images d’archives les montre sur place, hommes, femmes, enfants, bébés, vieillards, le sourire aux lèvres, embarqués dans des bus pour rejoindre leur destination finale. Ce qu’ils ne savent pas c’est qu’à la fin de ces voyages toujours nocturnes, ils sont débarqués dans le désert du Néguev, main-d’œuvre facile et corvéable pour développer des villes tout juste sorties du sable. S’ensuit une véritable et terrible ségrégation à leur encontre de la part de l’élite ashkénaze qui gouverne le pays. Ce sont des Séfarades, qualifiés par les israéliens de Mizrahim, appellation empreinte de mépris. Ils ne peuvent pas faire d’études supérieures, très vite orientés obligatoirement vers des métiers manuels pour former un sous-prolétariat. Golda Meir ira jusqu’à dira d’eux « ils ne sont pas gentils » ! Le père de la réalisatrice a été de ceux-là qui ont fini par se révolter contre cette ségrégation insupportable et créer, sur le modèle du mouvement noir aux États-Unis, les Blacks Panthers, avec le même logo que celui de leurs frères d’Amérique. Une révolte qui a été un échec car elle a été laminée dès 1973 en raison de la guerre du Kippour où tous les hommes ont été appelés au front. La réalisatrice mêle les témoignages qu’elle recueille, avec la lecture à sa fille de documents familiaux, notamment une lettre de son père et montre comment ces exilés non assimilés ne sont plus chez eux nulle part. Un beau documentaire, poignant, nécessaire et émouvant.
Un film intéressant mais tres manichéen. Les ashkénazes en prennent pour leur grade.. un peu trop facile!