Ohad Naharin est né en 1952 en Israël. Sa mère est chorégraphe et professeure de danse. Son père est acteur et psychologue. Il rejoint la Batsheva Dance Company en 1974 et reçoit une formation musicale. Pendant sa première année, la chorégraphe invitée Martha Graham lui propose de rejoindre sa compagnie à New York. Entre 1975 et 1976, il étudie à la School of American Ballet et à la Juilliard School. Il rejoint ensuite l’école Mudra de Maurice Béjart à Bruxelles. Il retourne à New York en 1979 où il fait ses débuts en tant que chorégraphe. En 1990, il est nommé directeur artistique de la Batsheva Dance Company. Il quitte ses fonctions de directeur artistique en 2018 et continue de servir en tant que chorégraphe résident de la compagnie. En plus de son travail pour la scène, Naharin invente Gaga, comme les premiers mots qu’il aurait prononcés tout petit. C’est un langage novateur du mouvement basé sur la recherche d’accentuation des sensations et de l’imagination des interprètes qui leur permet d’aller au delà de leur limite en cultivant leur habileté, en percevant les endroits atrophiés du corps, en travaillant sur la vitesse, en écoutant leurs propres sensations. Il collabore avec des groupes de rock israéliens, compose de la musique sous le pseudonyme Maxim Waratt édite et mixe la bande sonore de certaines de ses chorégraphies. Le réalisateur Tomer Heymann lui a consacré un documentaire Mr. Gaga,sur les pas d’Ohad Naharin (Voir ma fiche du 11 juin 2016).
Ohad Naharin présente la pièce 2019, créée en 2019 et dédiée à son père disparu en 2018.
Dire pourquoi un spectacle de danse vous a touchée n’est pas facile. La personne qui m’accompagnait n’a pas aimé. Ma voisine de droite, comme moi a adoré, et nous nous sommes égosillées au moment des vivats comme l’ensemble des spectateurs debout pendant de longues minutes. Ce spectacle m’a émue aux larmes. Sans doute le magnifique mixage musical, réalisé par le chorégraphe, mêlant chansons israéliennes, arabes, et textes du dramaturge et metteur en scène Hanoch Levin, imprégnés, parait-il, d’une critique subversive de l’État d’Israël.
Une scénographie signée Gadi Tzachor : une longue estrade qui partage la salle en deux groupes de spectateurs qui se font face, ou, comme le suggère Naharin, « cette étroite bande de terre entre le Jourdain et la Méditerranée ». 7 danseurs et 8 danseuses évoluent sur cet espace, des mouvements d’une grande sensualité qui inspirent avec la musique une grande nostalgie. Mouvements sauvages, désarticulés, puissants, à la limite de l’équilibre et de la force qui accélèrent puis ralentissent à l’extrême, s’arrêtent quasi immobiles comme sur un temps suspendu. Un mélange subtil particulièrement émouvant de puissance et de douceur dans des solos, duos, danses de groupe, un spectacle d’une très intense beauté.