Montpellier Danse 19 juin 2022

Né en 1977 Pontus Lidberg est un chorégraphe, danseur et cinéaste suédois. Il commence la danse à l’âge de 4 ans, en même temps que la musique. Il a été formé à l’École royale de ballet de Suède. Il est titulaire d’un MFA en arts du spectacle contemporain de l’Université de Göteborg, Faculté des beaux-arts, des arts appliqués et des arts du spectacle. Dès sa sortie de l’école du Ballet royal de Suède, en 1996, il enchaîne des contrats d’interprète pour le Ballet national de Norvège ou le Grand Théâtre de Genève, tout en commençant à concevoir ses propres pièces. Il a créé plus de quarante chorégraphies pour des compagnies de danse de renom, notamment le Ballet de l’Opéra de Paris, le New York City Ballet, la Martha Graham Dance Company, le Ballet royal de Suède, le Ballet royal du Danemark, ou le Beijing Dance Theatre. Ses œuvres ont été commandées et présentées dans les festivals les plus prestigieux au monde. Également cinéaste, il réalise Mirror en 2003 pour la télévision nationale suédoise. Son film, The Rain, a reçu de nombreux prix. Son film Labyrinth Within a remporté́ le prix du meilleur film au festival Dance on Camera en 2012. Son premier long métrage, Written on Water, avec Aurélie Dupont, a été présenté en première mondiale au Festival international du film sur l’art à Montréal en 2021. Depuis avril 2018, Pontus Lidberg est artiste en résidence et directeur artistique du Danish Dance Theatre de Copenhague. 

Il présente à Montpellier danse deux spectacles : Les Sept Péchés capitaux et Roaring Twenties qui est une création.

Composé en l’espace de quinze jours au cours de leur exil parisien de 1933, le ballet chanté Les Sept Péchés capitaux est l’ultime collaboration du duo Kurt Weill/Bertolt Brecht avant qu’ils ne soient obligés de s’enfuir d’Europe à cause du nazisme. La jeune Anna est envoyée par sa famille faire un voyage de sept ans en Amérique du Nord afin de gagner l’argent nécessaire à la construction d’une petite maison en Louisiane pour sa famille. La jeune fille va rencontrer en chemin les sept tentations – paresse, orgueil, colère, gourmandise, luxure, avarice et envie. Weill avait prévu d’accompagner chaque péché de tango, fox-trot, marche, tarentelle, polka et même, arrangements musicaux des salons de coiffure des Années folles !

Lidberg signe cette nouvelle version avec le metteur en scène et peintre irlandais Patrick Kinmonth. Les danseurs du Danish Dance Theater sont accompagnés par l’Orchestre national de Montpellier Occitanie et les chanteurs du Royal Danish Opera. Quatre chanteurs qui représentent les membres de la famille d’Anna, cupide et exploiteurs, qui s’assoient sur la morale pourvu qu’Anna leur apporte de l’argent. Un spectacle brillant dans la grande tradition brechtienne. 

Roaring Twenties. Des chaises en folie, de simples chaises de bistrot noires qui volent, sur lesquelles on monte, on tombe, on s’assoie, des chaises que l’on subtilise à celui qui veut soutenir sa belle qui se pâme, car il n’y en a que neuf pour dix interprètes. Le tout dans une fluidité, une légèreté, une sensualité, une agilité éblouissantes, avecr la musique électro du duo Den Sorte Skole. Pas un moment de répit dans ce morceau énergique à la chorégraphie au cordeau. Un spectacle de toute beauté, de la danse comme on l’aime. Roaring Twenties, traduit en français par les années folles, ces années d’après crise où l’on veut oublier dans la fête et l’excès ; allusion à notre période actuelle ? Sauf que si nous faisons la fête, la crise n’est pas derrière nous, et comme dans les années 20 l’horizon est bien sombre. Mais la joie communicative de cette danse nous fait tout oublier au profit de la beauté, du raffinement, de l’enchantement d’un spectacle d’une exceptionnelle qualité. Une œuvre nous dit Pontus Lidberg capable de « poétiser le monde tout en éveillant les consciences ».