Chien de la casse

Auteur : Jean-Baptiste Durand, né en 1985, est un réalisateur, scénariste et acteur français. Il commence sa carrière par la peinture et le dessin avant de se tourner vers le cinéma. Après son parcours à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier, il s’exerce d’abord en tant que technicien sur des films, puis réalise une douzaine de courts métrages et documentaires, ainsi que quelques clips musicaux. Il intervient en parallèle dans différentes écoles et ateliers d’écriture. Son premier long métrage, Chien de la casse évoque sa jeunesse et ses amis, une génération périurbaine qu’il estime peu représentée dans le cinéma français. Il a obtenu le Prix du jury au Festival des montreurs d’images d’Avignon, et le Prix du public au Festival Premiers Plans d’Angers.

Interprètes : Raphaël Quenard (Mirales) ; Anthony Bajon (Dog) ; Galatea Bellugi (Elsa).

Résumé : Dans une bourgade du sud de la France, deux amis de longue date voient leur relation se détériorer après l’arrivée d’une jeune fille dans le village.

Analyse : Ils sont jeunes, ils ont la vie devant eux. Mais quel avenir ? Ils habitent Le Pouget, petit village de l’Hérault, ravissant avec ses vieilles pierres mordorées au soleil couchant, ses ruelles incurvées, sa place haute, mais un village qui suinte l’ennui. Les occupations manquent cruellement ; on essaye de les inventer, on suscite des bagarres pour évacuer la violence d’une vie qui passe, inutile et désespérante. On veut affirmer sa virilité en cachant soigneusement sa vulnérabilité. On se réunit le soir sur la place haute, entre deux bières et un joint, on parle beaucoup, on passe son temps à attendre. Et chaque soir on recommence, manière de tuer le temps comme on peut et d’essayer désespérément d’exister dans cette vie de désœuvrement. Mirales est la personnalité marquante de ce groupe. Il est le roi de la tchatche ; hâbleur, intelligent, il prend tout l’espace, fait rire les copains. On l’écoute. Il a un charisme et un charme fous (magnifique Raphaël Quenard). Il est étonnamment cultivé, cite volontiers Montaigne, et cache soigneusement une sensibilité d’écorché vif. Il rêve d’un ailleurs, mais pour l’instant il passe sa vie à arpenter les rues du village. Il exerce son autorité sur son chien, Malabar, docile et attentif, mais pas que. Il forme un binôme improbable avec Damien, que les copains appellent Dog. Celui-ci est son contraire, doux, tendre, taiseux, timide, résigné, totalement soumis. Tel un chien fidèle, il répond toujours aux injonctions de Mirales qui l’aime de manière très ambigüe, qui le brutalise, le bouscule, l’humilie constamment avec, parfois, une incroyable cruauté. La tentative de Dog de s’émanciper en tombant amoureux de la blonde Elsa va susciter une jalousie terrible chez Mirales, qui ne peut que mal tourner. Chronique d’une jeunesse campagnarde remarquablement menée par Jean-Baptiste Durand, qui sonne particulièrement juste, avec des dialogues intelligents et bien écrits, dans une mise en scène dynamique et subtile. Une étude de mœurs qui est dure parfois, mais qui regorge d’humanité et ne manque pas de tendresse.

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