Le réalisateur bien connu, Wim Wenders (L’Ami américain, Alice dans les villes, Les Ailes du désir ou Le Sel de la Terre) a été récompensé cinq fois à Cannes dont une Palme d’or en 1984 pour Paris-Texas. Il présente en compétition officielle Perfet day son 25ème long métrage. On suit le programme quotidien, chaque jour méticuleusement répété, d’un homme modeste, la cinquantaine, employé par la ville de Tokyo pour nettoyer les toilettes publiques dans le quartier de Shibuya, tâche qu’il exécute avec beaucoup de conscience et de minutie. Il vit de manière spartiate. Il écoute en boucle dans sa voiture Patti Smith, Otis Redding et bien sûr Lou Reed, avec son magnifique Perfect Day, qui donne son titre au film. Il lit beaucoup, il photographie les arbres avec un évident plaisir. C’est un homme très mutique, dont on nous laisse à peine deviner vers la fin ce qu’ont pu être sa vie familiale antérieure, ses désirs, peut-être ses amours. Un homme heureux. Un film, qui comme dans Patterson de Jim Jarmusch, tente d’élever le quotidien en poésie. Mais on en est loin. C’est net, c’est propre, mais ça manque singulièrement d’émotion.
Le clap de fin de ce 76ème festival de Cannes a été donné par Ken Loach. Du haut de ses 87 ans, il revient à Cannes dans la sélection officielle avec The Old oak. Son cinéma très engagé a l’heur de plaire puisqu’il a été très souvent honoré dans les festivals internationaux, particulièrement à Cannes car il est de ceux qui ont obtenu deux Palmes d’or, une en 2006 pour Le vent se lève, l’autre en 2016 pour Moi Daniel Blake et trois Prix du jury. Ce n’est jamais que la quinzième fois qu’il est en sélection officielle. Une fois encore et inlassablement il dénonce les infamies de notre société. Cette fois c’est le racisme d’une petite ville d’Angleterre face à l’arrivée de réfugiés syriens. Un groupe d’individus se montrent hostiles, agressifs, et tiennent des discours nauséabonds. Mais un film plein d’espoir car la majorité des habitants se mobilise pour aider ces familles et donner à manger aux enfants des pauvres du village. Un magnifique et émouvant Ken Loach.
Le festival de Cannes se termine. Je n’ai pas pu vous faire part de tous les films de la compétition car je ne les ai pas tous vus ; je ne me risquerai donc pas à faire des pronostics. Mais parmi ceux que j’ai vu j’aimerai bien voir au palmarès The zone of interest de Jonathan Glazer, Les feuilles mortes de Aki Kaurismaki, Les filles d’Olfa de Kaouther Ben Hannia, bien sûr Anatomie d’une chute de Justine Triet, et pourquoi pas Ken Loach.