Fifi

Autrice et auteur : Jeanne Aslan est un réalisatrice et scénariste française ; Paul Saintillan né en 1971, est un réalisateur et scénariste français. Il poursuit d’abord des études de lettres et philosophie à la Sorbonne avant d’intégrer le département réalisation de La Fémis, dont il sort diplômé en 2002. Ses films d’études, La vie est un singe et Margot mise à nu, sont sélectionnés à Clermont-Ferrand et dans de nombreux festivals. Leur premier film conjoint, Fifi, a obtenu le Prix du Jury SFCC du Festival de Films de Femmes de Créteil pour le meilleur long métrage de fiction et a été récompensé au Festival international du Film de San Sebastián.

Résumé : Nancy, début de l’été… et Sophie, dite Fifi, 15 ans, est coincée dans son HLM dans une ambiance familiale chaotique. Quand elle croise par hasard son ancienne amie Jade, sur le point de partir en vacances, Fifi prend en douce les clefs de sa jolie maison du centre-ville désertée pour l’été. Alors qu’elle s’installe, elle tombe sur Stéphane, 23 ans, le frère aîné de Jade, rentré de manière inattendue. Au lieu de la chasser, Stéphane lui laisse porte ouverte et l’autorise à venir se réfugier là quand elle veut…

Interprètes : Céleste Brunnquell (Fifi) ; Quentin Dolmaire (Stéphane) ; Megan Northam (la sœur) ; Chloe Mons (la mère). 

Analyse : Le début de vacances, la chaleur, ont eu raison de mon énergie pour vous conseiller ce très joli film paru fin juin. Jeanne Aslan et Paul Saintillan réalisent une œuvre à quatre mains, pleine de tendresse, de poésie, de sensibilité. Une œuvre qui n’est pas dépourvue d’une dimension sociale. Le milieu de Fifi est décrit sans misérabilisme mais sans concession ; un appartement HLM surchargé d’enfants, d’adultes, avec une mère qui passe son temps à fumer sur son canapé et à se disputer avec sa fille ainée qui doit en faire beaucoup dans la maison avec un bébé sur les bras. Et dans ce milieu ou crier équivaut à parler, Fifi (Céleste Brunnquell, magnifique interprète, lumineuse, pleine de sensibilité) traine son ennui, obéit aux ordres et rêve d’un autre monde impossible. Elle est avide d’indépendance, de liberté, ce qu’elle réalise par de grandes virées à bicyclette, la nuit, le jour, quand elle peut. Et lorsque se présente une occasion inespérée d’être enfin seule et libre, elle la saisit. Avec ce frère de son amie, Stéphane, qui arrive inopinément dans l’appartement, se noue très naturellement une relation amicale, non dépourvue d’ambiguïté. La différence de classe n’est jamais évoquée. Aucun d’eux ne parlera de sa famille ou de son mode de vie. Un point commun les réunit, leur solitude.  Mais autant Stéphane semble maussade, désabusé, sans illusions et en quête de lui-même, autant Fifi semble savoir où elle veut aller et ce à quoi elle aspire. Il y a du Jean-Pierre Léaud dans le jeu (magnifique) de Quentin Dolmaire, il y a du Truffaut dans la manière dont est traité le monde de ces deux jeunes gens et même du Rohmer dans les dialogues qu’ils échangent. Un premier film solaire, délicat et très juste de ton.

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