Philippina Bausch, connue sous le nom de Pina Bausch, née le 27 juillet 1940 à Solingen et décédée le 30 juin 2009 à Wuppertal (68 ans), est une danseuse et chorégraphe allemande. Déjà enfant elle prend des cours de danse et participe à de petits spectacles et des opérettes. Elle commence sa formation de danse à quinze ans. À 19 ans, elle part pour les États-Unis parfaire sa formation et travaille comme soliste pour plusieurs chorégraphes américains. En 1961, elle est embauchée par le Metropolitan Opéra de New-York et rejoint le New American Ballet. À partir de 1968, elle se met à la chorégraphie. Elle rompt définitivement avec les formes de danse conventionnelles en expérimentant de nouvelles formes de cet art. Fondatrice de la compagnie Tanztheater Wuppertal, en résidence à Wuppertal (1973), elle est considérée comme l’une des principales figures de la danse contemporaine et devient la figure de proue du mouvement de la danse-théâtre. Elle a fait scandale en revisitant des classiques tels qu’Orphée et Eurydice (1975), Le Sacre du printemps (1975) et Barbe- Bleue (1977). Résistant aux critiques, elle voit son succès international grandir avec Café Müller (1978). La première version de Palermo Palermo a été créée le 17 décembre 1989 à l’Opernhaus Wuppertal, née de sa résidence en Sicile. La chorégraphe a écrit d’autres pièces sur les villes, Viktor (Rome,1986), Masurca Fogo (Lisbonne,1998), Nefés (2003) ou Ten Chi (Tokyo, 2004). Palermo Palermo a été repris au 43ème festival de danse de Montpellier.
Le rideau se lève, un mur de parpaings tombe. En décembre 1989, date de création de Palermo Palermo, il était difficile de ne pas penser à celui de Berlin. La chorégraphe s’en est défendue. En effet avec son très talentueux scénographe Peter Pabst elle avait imaginé ce dispositif bien des mois avant les événements berlinois. Selon elle il s’agissait des « murs invisibles qui existent partout dans le monde, dans nos têtes ». C’est aussi la préfiguration d’une ville délabrée. Quand le nuage de poussière se dissipe, apparaissent alors des hommes et des femmes, pieds nus ou talons hauts, qui marchent sur ces gravas en venant, chacun son tour exécuter son numéro. Le spectacle se déroule en une série de saynètes tirées de la vie à Palerme, gags tantôt drôles, absurdes, ou les deux à la fois, tantôt violents, parfois tristes. Une danseuse se fait massacrer à coups de tomates, un farfelu cuit sa viande sur un fer à repasser, un boxeur en talons haut, un chien perdu vient prendre sa pitance. Les rapports hommes femmes ne sont emprunts d’aucune tendresse. Les 23 danseurs et danseuses courent, sautillent, traversent constamment l’espace sur les briques éclatées. Les mouvements sont fluides, avec une gestuelle des bras, des épaules, des cheveux longs qui caressent l’espace, infiniment répétés, signature de la chorégraphe. On parle, on crie, on récite des poèmes, on raconte des histoires, dans une liberté de vivre débridée cocasse et farfelue. Un spectacle entre danse, humour, théâtre, accompagné par les cloches de Palerme, et des chansons populaires siciliennes. On y retrouve Andrey Berezin, membre de la compagnie depuis 1994, ainsi que la barcelonaise Nazareth Panadero, danseuse majeure du Tanztheater Wuppertal entre 1979 et 2021 qui a participé à l’élaboration de 19 pièces de Pina Bausch, irrésistible dans son numéro inoubliable de spaghettis qu’elle égrène en criant haut et fort qu’ils sont à elle, rien qu’à elle ! En seconde partie un moment de danse par les danseuses de la troupe absolument magnifique. On se prend à regretter qu’il n’y ait pas plus de danse dans ce spectacle.