Auteur : Maciek Hamela, né à Varsovie, est un réalisateur, directeur de production, ingénieur du son, producteur polonais. Il étudie la littérature française à l’université Paris IV-Sorbonne et sort diplômé de l’école de cinéma Eicar. Il a réalisé et produit plusieurs documentaires pour BBC Channel, ainsi que des films en Russie co-produits avec la France et la Pologne. Son œuvre radiophonique est récompensée en Pologne. Son court documentaire Bless You a été récompensé à Cannes 2021 dans la section Cannes Docs. Pierre feuille pistolet a été présenté à ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), Cannes 2023.
Résumé : Un réalisateur sillonne les routes d’Ukraine à bord de son van, déterminé à apporter son aide aux habitants qui tentent de fuir leur pays en guerre.
Analyse : Le réalisateur Maciek Hamela, au volant de son propre van, accompagné d’un cadreur preneur de son, a parcouru les routes dévastées de l’Ukraine attaquée par les troupes russes, pour recueillir et transporter des personnes qui veulent fuir la guerre et aller soit plus à l’Ouest du pays soit en Pologne où elles seront à l’abri. Il a installé sa caméra de sorte que l’on puisse voir les passagers arrière qui varient selon les voyages. Des femmes essentiellement, jeunes ou moins jeunes, des enfants, des hommes âgés, un chat. De la guerre, dans cet habitacle intime et sécurisant, elles en parlent, souvent avec des larmes, se confiant sur leurs frayeurs, sur ce qu’elles ont laissé derrière elles et sur l’avenir incertain qui les attend. La guerre vue également au travers du regard des enfants. Un homme porte sa petite fille de quatre cinq ans, qui ne parle plus depuis qu’une bombe s’est écrasée sur leur immeuble blessant grièvement son frère. Une autre, dont on n’oubliera pas le regard, qui tend au cameraman un papier sur lequel sa mère a écrit son identité, celle de ses parents et un contact, au cas où ils la perdraient. Celle-là même qui entame avec l’équipe de tournage le jeu de pierre feuille ciseaux et qui sort le geste du pistolet car avec le pistolet, dit-elle, on gagne toujours. La caméra montre également à travers le pare-brise les paysages de guerre parcourus, les immeubles éventrés et noircis, des chars d’assaut détruits sur le bas-côté, des voitures calcinées, le passage des checkpoints. Le cinéaste pose sur ces populations un regard plein de respect et de tendresse, les filmant à bonne distance. Un geste humanitaire courageux, un témoignage bouleversant qui rend hommage à tous ceux qui subissent les horreurs de la guerre.