Auteur : Claus Drexel, né en 1968 est un scénariste, réalisateur et metteur en scène allemand travaillant majoritairement en France. Après une scolarité en section internationale et des études scientifiques et techniques à Grenoble, il s’installe à Paris pour y étudier le cinéma. Il travaille d’abord comme ingénieur du son, monteur et directeur de la photographie, avant de passer à la mise en scène. Après des courts métrages il réalise son premier long en 2008, Affaire de famille, qui a remporté de nombreux prix en festivals. Au bord du monde, son documentaire sur les sans-abris parisiens, est présenté dans la sélection de l’Acid à Cannes en 2013. Le film gagne de nombreux prix dans des festivals, dont celui de la critique internationale (FIPRESCI). America (2018), son troisième long métrage est tourné dans un endroit isolé au nord de l’Arizona pendant l’élection présidentielle américaine de 2016. Il est nommé pour le César du meilleur film documentaire. En 2019, il tourne Sous les étoiles de Paris, qui remporte trois prix au 35ème Festival international de Fort Lauderdale en Floride. Au cœur du bois (2021), un documentaire sur la prostitution, principalement trans, au bois de Boulogne, est lauréat du Grand Prix national du FIPADOC de Biarritz.
Résumé : Un voyage à travers la France à la rencontre de nos ainés, les vieux.
Analyse : Un documentaire très touchant. De la Corse au Nord, du Béarn à l’Alsace, de la Bretagne à la Savoie, Claus Drezel et son équipe sont allés à la rencontre de ceux qu’on appelle « les vieux ». Ils et elles sont âgés de plus de 80 ans, plus de 100 ans même, d’origine et de classes sociales très diverses, du mineur de fond au baron désargenté, et qui, avec la sagesse qui est l’apanage de cet âge, nous parlent de la guerre, de la déportation, de l’isolement qui est pire que la solitude, de la diversité des choses et des êtres que l’on doit aimer, de l’utilité que l’on a à tout âge, dans sa famille, dans son milieu social, de l’absence de l’autre parti trop tôt. La plus âgée, disparue depuis le tournage, confie à la caméra « J’en ai marre. On ne devrait pas vivre aussi vieux ». Ils sont filmés en plan fixe, dans leur intérieur ou en Ehpad. Ils cherchent parfois leurs mots, ou sont animés d’une magnifique énergie. Comme cette ancienne maîtresse de conférence des universités, toujours très soignée de sa personne, qui se sent tellement jeune dans sa tête alors que le corps ne suit plus et à laquelle le cinéaste accorde le dernier mot du film « Je vais mourir en hurlant ! ». Ils et elles sont attanchant.e.s,, émouvant.e.s, souvent drôles. Le réalisateur a le grand mérite de nous donner un autre regard sur cette catégorie de la population que notre société le plus souvent ne veut pas voir, en les filmant avec respect et amour.