FESTIVAL DE CANNES 21 mai

Emilia Perez

À 72 ans Jacques Audiard, scénariste et réalisateur français bien connu, est un réalisateur multi primé à Cannes dont une Palme d’or pour Dheepan en 2015. Emilia Perez son 10ème long métrage est en compétition officielle.

On est au MexiqueRita est une avocate talentueuse exploitée par son employeur. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle : le chef de cartel Manitas lui propose, moyennant une petite fortune, de l’aider à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être. Jacques Audiard s’essaie à un genre très différent : la comédie musicale, non sans panache. On peut saluer l’audace de ce cinéaste qui a toujours su se réinventer. Une comédie musicale originale qui est aussi mélodrame queer et un film noir. Aidé par une très belle chorégraphie du franco-belge Damien Jalet dans laquelle consommateurs de restaurant, badauds, femmes de ménage, se transforment en danseurs, aidé également par la belle musique de Camille et Clément Ducol, ce film est un vrai plaisir. De plus, il traite de problèmes sérieux actuels : Me-Too, les questions de genre et d’identité, la place des femmes dans un monde dominé par les hommes, la violence conjugale. Devenu femme, Manitas réincarné en Emilia Perez (magnifiquement jouée par un acteur espagnol, Gascon, devenu dans la vraie vie la pulpeuse et charismatique Karla Sofía Gascon), va créer une association pour aider les familles à retrouver leurs proches enlevés par les narcotrafiquants et disparus. Mais le film n’est pas à l’abri des rebondissements. Sans les dévoiler nous poserons seulement la question : peut-on être sans avoir été ? Un film qui devrait figurer au palmarès.

Caught by the Tides par Xavier Affre de Cinémag (pour une analyse plus approfondie de ce film, voir son article sur MovieRama :  Critique | Caught by the Tides : Quand la Chine s’éveille…)

A nouveau en Compétition à Cannes six ans après Les Éternels, Zia Zhang ke présente Caught by the Tides.

Le cinéaste livre un film-somme, tant il se nourrit de sa filmographie mais aussi parce qu’il illustre la grande thématique qui parcourt la totalité de ses œuvres : la mutation profonde de la Chine.

En 2001, à Datong, ville minière de Chine du Nord, une jeune femme (Zhao Tao), tombe amoureuse d’un garçon qui disparaît pour aller travailler dans le Sud. En 2006, elle part à sa recherche dans la région du Hubei, mais leur histoire se termine. En 2022, l’homme revient à Datong sans travail et, infirme, avant de reconnaitre celle qui l’aimait. 

Le film est structuré en 3 actes, dans un style mélancolique et très épuré : si le dernier segment du film a bien été tourné en 2023, dans une Chine encore marquée par l’épidémie de Covid-19, les deux premières parties sont constituées de rushes de films précédents, ainsi que de moments captés par le cinéaste chinois dans les années 2000 dans les provinces du Shanxi et du Hubei. Cela donne une ampleur assez impressionnante au long métrage, certes abstrait mais duquel finissent par émerger les personnages, témoins et acteurs des changements du pays. Il faut enfin souligner le formidable travail effectué au niveau du montage, de la photographie et de la musique. 

Laisser un commentaire