La Roque d’Anthéron 1

Le festival international de piano s’est ouvert le 20 juillet à La Roque d’Anthéron, village du Luberon devenu célèbre par ce festival qui a atteint une renommée internationale. Créé en 1980 par René Martin, il se déroule dans plusieurs endroits du voisinage (Lourmarin, Lambesc, Cucuron, Gordes, Aix-en-Provence etc…) mais l’essentiel des concerts a lieu à La Roque, dans le parc du château de Florans, aménagé à cet effet. Le lieu est magique. Des platanes et des séquoias centenaires. L’estrade et sa coque qui permet une acoustique de grande qualité, sont sur un petit plan d’eau. Cette année le concert d’ouverture a été essentiellement dédié à Mozart. 

Près d’un demi-siècle après sa création, l’Orchestre de chambre de Paris s’est imposé comme un orchestre de chambre d’excellence et de référence en Europe. À partir de la saison 2024/25, il accueille comme directeur musical le chef d’orchestre Thomas Hengelbrock. Il était dirigé pour ce concert par Gordan Nicolić, prodigieux violoniste. Né en 1968 en ex-Yougoslavie, Gordan Nikolić commence le violon à 7 ans et entre à l’Institut pour jeunes talents de Ćuprija à l’âge de 9 ans. Il étudie le violon avec le grand violoniste et chef d’orchestre Jean-Jacques Kantorow et obtient son diplôme d’enseignement et de soliste à Bâle en 1990. Pendant cette période, il approfondit son intérêt pour les musiques baroque et contemporaine. Il gagne de nombreux prix internationaux dont les prix Tibor-Varga, Nicolò-Paganini, Città de Brescia et Vaclav- Huml. Après avoir été premier violon solo de l’Orchestre de chambre d’Auvergne, puis de l’Orchestre de chambre de Lausanne, du Chamber Orchestra of Europe et de l’Orchestre symphonique de Londres, Gordan Nikolić dirige régulièrement du pupitre les plus grands orchestres internationaux tels que la Camerata de Manchester, l’Orchestre philharmonique de Rotterdam, l’Orchestre national de Lille, l’orchestre de chambre de l’Orchestre symphonique de Londres, l’Orchestre national d’Île-de-France … En tant que soliste, il joue avec les plus grands orchestres internationaux sous la direction de Sir Colin Davis, Jean-Jacques Kantorow, Arie van Beek, André Previn, Daniel Harding, Myung-Wung Chung, Bernard Haitink, Lawrence Foster, Marc Albrecht, Jakov Kreizberg, entre autres. Il a enregistré de nombreux disques très remarqués par la critique pour différents labels. Gordan Nikolić joue sur un violon Petrus Guarnerius de Venise, gracieusement prêté par un mécène anonyme.

En début de soirée l’orchestre a joué le Concerto pour violon et orchestre n°4 en ré majeur K. 218, de Mozart. Puis le Concerto pour piano et orchestre n°9 en mi bémol majeur K. 271 “Jeune homme” avec au piano la célèbre Maria João Pires. 

Née en 1944 à Lisbonne, Maria João Pires donne son premier concert public à l’âge de 4 ans. Elle commence à étudier le solfège et le piano aux côtés de Campos Coelho et Francine Benoît avant d’approfondir sa formation en Allemagne auprès de Rosl Schmid et Karl Engel. Outre ses concerts, elle a enregistré pour Erato pendant quinze ans et pour Deutsche Grammophon pendant vingt ans. Soucieuse de développer des formations interdisciplinaires pour musiciens professionnels et amateurs, elle crée en 1999 au Portugal le Belgais Centre for the Study of the Arts, lieu propice aux concerts et enregistrements live. Dans le même esprit, elle conçoit en 2012 en Belgique deux projets complémentaires : les “Partitura Choirs”, qui donne la possibilité à des enfants en difficulté de participer notamment à la chorale “Hesperos Choir”, et les ateliers “Partitura Workshops” afin de susciter une dynamique entre artistes de différentes générations. Le jeu de cette artiste confirmée est subtil, plein de délicatesse et d’émotion. Un très beau concert d’ouverture dans un amphithéâtre comble.

En seconde partie l’orchestre a interprété la Symphonie n°8 en fa majeur opus 93 de Beethoven. En bis Maria João Pires nous a interprété la Sonate pour piano n°10 en do majeur, K.330, Andante de Mozart, et l’orchestre l’ Orfeo ed Euridice, Wq. 30: Ballo Andante de Gluck. Une joie de renouer avec ce festival passionnant dans un lieu si privilégié.

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