La Roque d’Anthéron 8

Après Khatia Buniatishvili, Grigory Sokolov ! Un rêve.

Grigory Sokolov a donné son concert dans le Grand théâtre de Provence d’Aix-en-Provence comme à son habitude car il n’aime pas jouer en plein air. Au programme : 

Bach : Quatre duettos BWV 802-805
Bach : Partita n°2 en ut mineur BWV 826Chopin : Quatre Mazurkas opus 30Chopin : Trois Mazurkas opus 50En seconde partie :Schumann : Scènes de la forêt opus 82

Je reproduis la note distribuée avec le programme qui décrit, mieux que ce que je ne saurais le faire, la carrière et la personnalité de Grigory Sokolov. 

« Pour comprendre la richesse du jeu de Grigory Sokolov, il faut percevoir le miracle unique de la musique jaillie dans l’instant. C’est dans le caractère unique du moment présent et dans l’impossibilité de reproduire à l’identique de la musique faite sur le vif qu’il faut chercher l’explication de la beauté expressive et de la captivante sincérité du jeu de Grigory Sokolov. Si les récitals du poète russe constituent une expérience quasi mystique, ses interprétations possèdent en réalité́ des racines bien terrestres : une connaissance intime des œuvres, une culture musicale quasi encyclopédique, un vaste répertoire allant des œuvres de Byrd, Couperin, Rameau, Froberger jusqu’aux compositions du XXe siècle en passant par Bach, Beethoven, Schubert, Schumann, Chopin, Brahms, Ravel, Scriabine, Rachmaninov, Prokofiev, Schönberg et Stravinski, qui le font reconnaitre aujourd’hui comme l’un des plus grands pianistes actuels et un artiste universellement admiré pour sa conception visionnaire et son dévouement sans compromis à la musique. Né à Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) en 1950, Grigory Sokolov débute le piano à 5 ans avec Lyia Zelikhman au Conservatoire de sa ville natale. Il est ensuite l’élève de Moisey Khalfin et son prodigieux talent se révèle en 1966 lorsqu’il devient à 16 ans le plus jeune musicien à remporter le fameux Concours Tchaïkovski de Moscou, alors présidé par Emil Gilels. Effectuant dans les années 70 de grandes tournées en Europe et au Japon, il s’éloigne un temps de la scène pour faire évoluer son art, et ce n’est qu’après la chute de l’Union soviétique qu’il fait son entrée sur les plus grandes scènes occidentales : jouant avec le Philharmonique de New York, l’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam, le Philharmonique de Londres et le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, il choisit bientôt de se consacrer exclusivement aux récitals en solo ; donnant environ 70 concerts par saison et s’immergeant totalement dans un seul programme, il effectue de nombreuses tournées dans toute l’Europe, s’intéressant aussi de très près aux mécanismes et au fonctionnement des instruments sur lesquels il joue et passant des heures à explorer leurs caractéristiques afin d’en révéler les plus subtiles gradations texturales. Après deux décennies d’absence de toute forme d’enregistrement, Sokolov a signé́ un contrat exclusif avec Deutsche Grammophon qui a publié́ plusieurs enregistrements de concerts live : un inoubliable récital donné en 2008 au Festival de Salzbourg avec des œuvres de Mozart et de Chopin, puis un récital Schubert/Beethoven, et deux concertos pour piano : le Concerto n°23 de Mozart et le 3ème Concerto de Rachmaninov – CD sorti en même temps que le DVD du documentaire “A Conversation That Never Was” de Nadja Zhdanova. Un nouveau CD/DVD est sorti en avril 2022, présentant l’enregistrement audio et vidéo d’un récital donné au palais Esterhazy d’Eisenstadt avec des sonates de Haydn, les Quatre Impromptus opus 142 de Schubert et plusieurs bis. » 

Sokolov nous a, une fois de plus, enchanté.e.s. Son prodigieux talent, sa générosité, l’émotion incomparable qui se dégage de son jeu, procure un indicible bonheur. Comment ne pas être heureux lorsque l’on a l’immense privilège de pouvoir assister à ses concerts ? Comme à son habitude il a multiplié les bis, heureux de partager avec son public sa passion pour la musique.

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