En Fanfare

Auteur : Emmanuel Courcol né en 1957 est un acteur, scénariste, réalisateur Français. Après la fin de son cursus secondaire, Emmanuel Courcol se dirige vers des études de droit. En même temps, il joue dans des pièces au Conservatoire d’Angers et intègre la prestigieuse École Nationale des Arts et Techniques du Théâtre (Rue Blanche). Il a depuis joué dans une trentaine de pièces et tourné dans une vingtaine de films. Après s’être frotté à l’écriture théâtrale, il s’oriente vers le travail de scénariste. En 2015, il met en scène son premier long métrage, Cessez- le-feu Il poursuit avec un deuxième long en 2021, Un Triomphe qui reçoit le Valois du Public au Festival du Film Francophone d’Angoulême et le Prix de la meilleure comédie de l’année à la 33e cérémonie des prix du cinéma européen. En Fanfare, son troisième long, a été présenté au Festival de Cannes en sélection officielle à Cannes première.

Interprètes : Benjamin Lavernhe (Thibaut Desormeaux) ; Pierre Lottin (Jimmy Lecocq) ; Sarah Suco (Sabrina) ; Jacques Bonnaffé (Gilbert).

Résumé : Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsque, suite à un tragique coup du sort il apprend qu’il a été́ adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…

Analyse : Un très joli film, plein d’humanité, de générosité, dont on ressort heureux ; un film qui fait du bien et qui est magnifiquement interprété par deux acteurs parfaits dans leur rôle, Benjamin Lavernhe qui est Thibaut, issu d’une famille bourgeoise, chef d’orchestre mondialement connu avec une tête de premier de la classe comme il lui est reproché par son frère interprété par Pierre Lottin qui, lui, a été élevé dans une famille modeste du Nord de la France, cuisinier dans une cantine scolaire, trombone dans la fanfare de Wallincourt. En plus de ces acteurs professionnels Emmanuel Courcol a fait intervenir des acteurs non professionnels, notamment les membres de la fanfare L’Harmonie Municipale des Mineurs de Lallaing très à l’aise dans leur rôle, qui ont eu la joie de défiler sur le tapis rouge à Cannes. Non seulement ce film fait du bien mais de plus il est très utile. Il abolit les frontières entre la musique classique, la variété et le jazz, d’Aznavour et Dalida à Miles Davis, Verdi, Ravel ou la musique contemporaine, et peut faire découvrir et aimer la musique classique qui est boudée dans certains milieux car considérée comme musique bourgeoise. Le Boléro de Ravel sert de passeport vers cette musique classique puisque Thibaut explique à des ouvriers en grève d’une usine désertée par ses patrons que Ravel est parti du rythme des machines pour composer son œuvre immortelle. Un bon cinéma populaire au meilleur sens du terme. Dans une écriture intelligente, des dialogues justes et fins, non dépourvus d’humour le réalisateur aborde de nombreux thèmes, l’amour fraternel, la fraternité à l’égard d’un frère de sang avec lequel on n’a pas vécu, la solidarité, le secret familial avec les mensonges qui l’accompagnent, le déterminisme et l’égalité des chances, la solidarité entre membres d’une même classe sociale et la possible connexion entre personnes de mondes différents. C’est parfois triste, parfois plein d’humour, parfois grave, parfois léger, sans aucun pathos ni sensiblerie. Jusqu’à une magnifique scène finale, pleine d’humanité et d’émotion.

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