Dimanches

Auteur : Shokir Kholikov, né en Ouzbékistan est un réalisateur, scénariste, monteur. Il est difficiles d’avoir des renseignements sur lui. On sait qu’il a été formé à l’Institut national des Arts et de la Culture de l’État ouzbek en 2014 avant de suivre un master et d’effectuer plusieurs travaux pour la télévision et la radio nationales. Dimanches a été présenté dans plusieurs festivals (Shanghai, Vesoul).

Interprètes : Abdurakhmon Yusufaliyev (le vieil homme) ; Roza Piayazova (l’épouse).

Résumé : Dans un village ouzbek, un couple âgé vit dans des conditions sommaires et traditionnelles. Contre leur volonté, leurs fils leur offrent du matériel technologique moderne. L’attachement du père de famille pour ses vieux objets et sa maison de toujours crée des tensions avec ses fils et sa femme…

Analyse : Un film qui nous vient d’Ouzbékistan est assez rare dans le paysage cinématographique français pour qu’on s’y arrête. Un très joli film. Ce jeune réalisateur aborde un thème pourtant très éloigné de ses préoccupations, surtout pour un premier long métrage : la vieillesse et le conflit de générations qui va trop souvent avec. Une œuvre austère, lente, qui nous donne le quotidien de deux paysans vivant du travail de la laine de leurs moutons, étalé sur deux mois avec un jour différent de la semaine pour chaque semaine, deux dimanches commençant et clôturant le récit. Un quotidien banal, avec le travail de la laine, le repos devant la télévision, les siestes, la préparation des repas. Un premier film qui ne cache pas ses influences, on pense immanquablement au film japonais, Voyage à Tokyo de Yasujirō Ozu (1953) avec un couple de retraités en visite chez leurs enfants dans la capitale japonaise, ou l’ambiance des films de l’iranien Abbas Kiarostami. Un quotidien perturbé par des visites intempestives d’un des fils, vivant à la ville, qui veut moderniser le logement, l’autre, à l’étranger ne se manifestant que par de rares appels téléphoniques. Des fils qui veulent rénover, ou carrément détruire, pour reconstruire plus moderne, le modeste logement de leurs parents, avant même que leur succession ne s’ouvre, et les poussent à une modernisation technologique dont ils ne ressentent aucun besoin. Une nouvelle gazinière que la mère a du mal à allumer, une télévision neuve à écran plat dont ils ont du mal à manipuler la télécommande, un réfrigérateur neuf dont le silence intrigue, une carte plastique pour payer et retirer de l’argent dont ils ne connaissent pas le code. Le tout au grand dam du père, furieux de voir disparaitre ses vieux objets familiers.  De belles images, un cadrage élaboré, un sens certain de la mise en scène précise et efficace, révèlent un réel talent pour filmer un quotidien qui ne révèle aucune surprise si ce n’est celle des visites filiales. Il nous montre également le monde des campagnes ouzbèkes, empreint d’un patriarcat culturel ancestral (thème assez universel !). La femme est là pour servir et n’a droit à aucune attention. Elle ne se révolte pas, accepte son sort comme inéluctable mais fait preuve en l’occurrence d’une certaine malice qui l’autorise parfois à se moquer, et à nous faire sourire, de ce mari peu commode et fort peu aimable. Ce n’est pas un film d’action ; mais il n’est pas inutile que de temps à autre le cinéma nous rappelle le temps qui passe.

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