Auteur : Ryan Coogler est un jeune cinéaste américain né en 1986. Après quelques courts métrages il entreprend son premier long métrage, Fruitvale Station, qui a remporté un nombre impressionnant de récompenses : Deux prix au Festival de Sundance dont le prestigieux Grand prix du jury, deux prix au festival de Deauville, un prix à Cannes dans la section Un certain regard ce qui fait de ce jeune auteur un des plus primés des festivals cinématographiques de 2013.
Résumé : Oscar Grant est un afro américain de 22 ans. Il a eu un passé assez agité : il a fait un peu de prison, il deale un peu, est assez coureur, ce qui exaspère son amie et mère de leur fille. Mais ce n’est pas un mauvais garçon ni même un mauvais père. Il veut délibérément tourner le dos à son passé et reprendre un nouveau départ. Le film raconte les dernières 24 heures de ce jeune homme. Nous sommes à la veille du nouvel an 2009. Avec ses amis et sa compagne ils veulent sortir s’amuser pour le nouvel an et il décide de prendre le métro plutôt que sa voiture pour faire plaisir à sa mère. Une rixe éclate dans le métro ; la police intervient, et il est abattu d’une balle dans le dos par le policier blanc qui l’avait immobilisé au sol alors qu’il est menotté, face contre terre.
Analyse : Le film est tiré d’un fait réel, comme de nombreux autres en ce moment, à croire que « Tiré d’un fait réel » devient pour les spectateurs un label de qualité. Malgré un sujet lourd, le film n’est pas trop mélodramatique. L’interprétation de Michael Jordan est très sobre et c’est le but de Ryan Coogler qui a considéré que les faits se suffisaient à eux-mêmes. Il est également sans concession puisqu’il dépeint Oscar tel qu’il est avec ses défauts et son immaturité. C’est ce qui fait la grande force du film : il n’y a pas de manichéisme, mais une froide relation des faits. Relation qui n’est pas pour autant dénuée d‘émotion. Il est construit comme une tragédie car dès le départ du film on a la prémonition du drame.
Une scène extrêmement émouvante vers la fin du film. Oscar est sur la table d’opération. Dans un lourd silence sa famille et tous ses amis qui sont accourus à l’hôpital attendent le résultat de l’opération, et à l’instigation de la mère d’Oscar ils se mettent tous à réciter des prières. Malheureusement ils ne seront pas exaucés.
Le metteur en scène évite de nous donner à voir les émeutes qui ont suivi cette bavure policière. Il se contente de nous montrer la foule rassemblée devant Fruitvale Station, le 1er janvier 2013, comme tous les premiers janvier depuis le drame, pour commémorer le souvenir d’Oscar Grant.
On ressort de ce film plein de rage et d’incompréhension, plein d’émotion aussi, et en tout cas le cœur en miettes.