Auteur : Matan Yair est un professeur de littérature en Israël, réalisateur et écrivain. Il a réalisé un documentaire en 2008 puis un court métrage en 2011, Winter Clothes. Son premier long métrage, Les Destinées d’Acher (2017) a été présenté à Cannes dans le programme ACID et présenté également au festival du film de Toronto.
Résumé : Dès l’école primaire, puis au collège et au lycée, Asher, 17 ans, a toujours été un élève difficile. Il a du mal à se concentrer en classe et est un élément perturbateur. Son père, très strict, le considère comme son successeur naturel qui reprendra l’affaire familiale d’échafaudages, mais Asher, grâce à son professeur de littérature, Rami, découvre le goût des études. Tandis qu’il se cherche une tragédie soudaine va le soumettre à une ultime épreuve qui le forcera à faire ses choix.
Analyse : Pour son premier film Matan Yair, professeur de littérature et d’histoire, prend appui sur son expérience d’enseignant pour nous livrer une histoire émouvante, écrite avec intelligence et pleine de rebondissements inattendus. Dans une fiction, inspirée par la réalité, qui ressemble à un documentaire, il suit la trajectoire d’Acher, Asher Lax dans la vie, qui joue son propre rôle aux côtés d’acteurs non professionnels, sur les lieux mêmes de son lycée. Ce film n’est pas pour autant une leçon de pédagogie mais le parcours étonnant d’un jeune qui fait partie des laissés pour compte de l’enseignement, issus de classes sociales peu favorisées que le cinéma israélien ne montre pas souvent. Asher est tiraillé entre son admiration pour son professeur de littérature qui lui donne l’envie de continuer ses études et de passer son bac, et son père, qui lui demande comment vont lui servir ses lectures pour monter un échafaudage et qui a hâte de le voir prendre la relève. Il n’arrive pas à se situer entre ces deux mondes, entre deux avenirs, deux destinées. C’est un être à vif, impulsif, révolté, « hérissé » comme lui dit son professeur, irascible mais très tendre au fond. Au lycée, à l’extérieur surtout. Car même s’il souhaiterait résister aux injonctions paternelles, ses rapports avec son père sont différents et plus complexes. Un père qui semble être toute sa famille car le film étonne par l’absence de femmes. Que ce soit la mère, présente seulement au travers d’un appel téléphonique, ou l’inexistence de petites amies.
Ce film frappe par sa justesse de ton, sa finesse, sa gravité qui n’est pas exempte d’humour. Les scènes de classe sont loin des clichés habituels que l’on voit trop souvent au cinéma tant la pédagogie de ce professeur intelligent et fragile est étonnante et efficace. De plus le réalisateur a l’habileté de nous surprendre par sa faculté à ne pas nous laisser anticiper les évènements. Un film prometteur qui mérite d’être découvert.