XENOS d’AKRAM KHAN
Akram Khan est né à Londres dans une famille d’origine bangladaise. Il a commencé à danser à 7 ans et participé à 13 ans au Mahâbhârata de Peter Brook. Il a étudié le kathak (danse narrative traditionnelle du nord de l’Inde) avec Sri Patrap Pawar. Parallèlement à des pièces de kathak pur il pratique la danse contemporaine avec Anne Teresa de Kersmaeker. Il a été artiste associé pour le Southbank Centre à Londres et pour la MC2 de Grenoble. Parmi ses pièces on trouve Kaash en 2002 en collaboration avec l’artiste Anish Kapoor et le compositeur Nitin Sawhney, Ma en 2004, ou Bahok en 2002 en collaboration avec le Ballet national de Chine. Il joue également avec des partenaires connus, comme dans Zero degrees en 2006 avec Sidi Larbi Cherkaoui, Sacred Monsters en 2006 avec Sylvie Guillem, In-I en 2008 avec Juliette Binoche et Torobaka en 2015 avec Israel Galvan. En 2011 il crée Desh son premier solo qui est une œuvre partiellement autobiographique. En 2012 il organise la chorégraphie de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Londres. Ses dernières créations sont Dust en 2014 et Until the Lions en 2016.
Xenos « signifie étranger en grec, et se veut une réponse à ce qui se passe aujourd’hui dans le monde, nous dit l’artiste. J’ai choisi de parler de ces soldats indiens, généralement des paysans, qui ont été enrôlés de force dans les armées de l’Empire britannique et sont venus par milliers faire la première guerre mondiale en Europe. » Des hommes effacés de l’Histoire. « J’ai eu envie de faire entendre leurs voix oubliées. Parallèlement, j’évoque aussi le mythe de Prométhée qui devient évidemment une métaphore. »
L’artiste a également annoncé que Xenos serait la dernière œuvre où il danse sur scène, à 43 ans. Pour cette chorégraphie il s’est entouré d’une équipe de collaborateurs remarquables comme le compositeur Vincenzo Lamagna et l’écrivain Jordan Tannahill. « Nous avons lu des poèmes écrits par des soldats et avons imaginé la scénographie, précise-t-il. Il s’agit d’une sorte de montagne ou de volcan que j’escalade. C’est à partir du décor que j’ai véritablement commencé à créer le spectacle. » Pendant que le public s’installe un chanteur et un percussionniste chantent des airs traditionnels indiens. Puis Akram Khan paraît, seul dans une danse souple et déliée, qui rappelle aussi les danses indiennes. Son spectacle est complexe, fait de danse et de performances. La scénographie rappelle la guerre, la boue, les tranchées, le son des balles et la misère du soldat. Tel un Sisyphe il grimpe le mur devant lui d’où pendent des cordes. La lumière découvrira à son sommet par intermittence les cinq musiciens qui l’accompagnent. Spectacle poignant et triste surtout lorsque dans le final le soldat blessé à mort danse sur les notes du Requiem de Mozart.