Auteurs : Michel Andrieu, né en 1940, est un réalisateur, scénariste, auteur français. Après des études à l’IDHEC (aujourd’hui FEMIS), il réalise une dizaine de téléfilms et séries TV. Il est également l’auteur d’un long métrage Bastien, Bastienne, sorti en 1980. Jacques Kébadian, né en 1940 est un réalisateur, acteur, monteur français. Après ses études à l’IDHEC il entre dans le cinéma en tant qu’assistant réalisateur de Robert Bresson sur trois films. En 1967, il réalise son premier film de fiction, Trotsky. En 1968, il participe à la création des États Généraux du Cinéma et filme les grèves ouvrières. Il co-fonde le collectif militant ARC, qui réalise Le Droit à la parole, Joli mois de mai, Comité d’action 13. Cinéaste engagé, son action militante lui vaut un procès et 2 mois de prison avec sursis. Tout au long de son œuvre, il rend compte des combats menés par les opprimés : lutte des sans-papiers dans D’une Brousse à l’autre (1997), lutte des Indiens zapatistes dans La fragile Armada (2003). Ses origines arméniennes le déterminent à consacrer de nombreux films au génocide et à la diaspora arméniens. Jacques Kébadian se consacre aussi à suivre le travail de nombreux artistes dans plusieurs disciplines, littérature, sculpture, architecture, peinture, danse, scénographie… Il bâtit une galerie de portraits de femmes révoltées pour de justes causes : Albertine, le souvenir parfumé de Marie Rose (1972), les résistantes Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle, dans Germaine Tillion (1974), et Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle Anthonioz (2000).
Résumé : Ouvriers, étudiants et jeunes s’opposent, en mai 1968, à la morale et au pouvoir en place. Les facultés et les usines sont occupées. Les barricades sont dressées. Les pavés volent. La parole cède la place aux actes. C’est l’affrontement. Ces images nous plongent au cœur des évènements et témoignent des hommes et des femmes qui, indignés, marchent vers leur révolution.
Analyse : Il est toujours surprenant d’assister à la projection d’un documentaire sur des évènements auxquels on a participé de très près il y a cinquante ans, avec la fougue, l’utopie, la candeur et la générosité d’une jeunesse en mal de liberté. Nous avons été saturés l’an passé d’images pour le cinquantenaire de cette révolution. Mais celles de Michel Andrieu et Jacques Kébadian nous donnent une vision de l’intérieur, plus fine, plus intelligente de cet évènement. Il n’y a aucun documentaire officiel car la télévision publique, à l’époque aux ordres du Général de Gaulle, avait reçu l’interdiction de filmer. C’est grâce au montage de films amateurs que les réalisateurs avaient pris sur le vif au sein du collectif ARC 68, et à ceux d’autres collectifs et réalisateurs, en particulier du groupe Medvedkine, qu’ils nous retracent la genèse de ce mouvement et son point de jonction avec les travailleurs, la fameuse convergence des luttes. Ce sont des documents bruts ; aucun commentaire, aucune analyse, ce qui en fait toute leur force. C’est l’histoire pure, telle qu’elle a été vécue, telle qu’elle s’est construite, telle qu’elle a été rêvée par ceux qui l’ont façonnée au jour le jour. On y voit le rôle de jeunes femmes qui timidement mais avec détermination, prennent la parole, on y voit l’enthousiasme, la générosité, la colère, la lassitude parfois de ces participants, ouvriers et étudiants confondus, qui ont en commun l’idéal d’une « société humaine et non une société de profit » et qui enragent de ne pas être entendus d’un gouvernement sourd à leurs revendications. L’actualité s’invite sans préméditation.
Par la vertu du cinéma direct et le dynamisme du montage nous sommes replongés au cœur d’une action brûlante, nous courons, nous tombons avec le cinéaste, nous occupons la Sorbonne, l’Odéon, Citroën, l’usine de Flins, nous participons aux affrontements de rue violents avec les CRS sur des barricades dressées avec le mobilier urbain et des voitures incendiées, nous croyons avec une générosité, une foi inébranlable, joyeuse et turbulente, à cette révolte par laquelle nous voulons changer le monde et qui, vue à cinquante ans de distance, ne manquait ni de candeur ni de naïveté.
Un formidable documentaire qui nous rappelle, si besoin était, que l’Histoire radote.
J’aimerais beaucoup le voir. Tu me suggère come, dove, quando ? Grazie,
nonnò pardò
Ciao Pardo ! Ce film passe en ce moment à Paris en salle mais je ne saurais te dire où tu pourrais le voir. Mais attends quelques temps et tu auras le CD. Baci
Oui… Je viens de voir la bande annonce sur ALLOCINE, et ça donne très très envie !!! J’ai tout de suite appelé VidéoSphère qui n’ont pas (encore ?) le CD. Pourtant, d’habitude, ils ont tout…