FESTIVAL DE CANNES 19 mai

Terence Malik est un réalisateur américain de 75 ans. Il a réalisé une dizaine de longs métrages. Plusieurs fois récompensé à Cannes, il a obtenu la Palme d’or en 2011 pour The Tree of life. Il nous présente cette année Une vie cachée. Après quelques films assez mineurs, c’est le retour du grand Malik qui revient à ses fondamentaux. Il est parti d’un fait historique, l’histoire d’un héros inconnu. Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis et de faire allégeance à Hitler. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est condamné à la peine capitale. Il pourrait se renier et retrouver la liberté mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme, Fani, et ses enfants, il reste inflexible mais libre dans son âme. Il a d’ailleurs été béatifié en 2007 par le pape Benoit XVI, considéré comme martyr. Des images sublimes comme Malik a toujours su les faire. Le début du film est très doux, une symphonie bucolique du monde paysan du Tyrol autrichien. Une famille heureuse, de beaux enfants, en harmonie avec la nature. La vie est rythmée par les travaux des champs dans ces paysages de vergers entourés de montagnes d’une époustouflante beauté. Mais la guerre gronde et Franz doit partir. Opposant un « non » obstiné aux nazis, son attitude pose plusieurs questions. Il refuse toutes les propositions très accommodantes qui lui sont faites. Quel est le sens de son acte qui ne l’engage pas seul mais atteint tout une famille faisant une veuve et trois orphelines ? Peut-on rester libre en se compromettant en actes mais non par l’esprit ? Franz interroge également le silence de Dieu, question que tout croyant se pose face au mal absolu. 

Le rythme du film, ses cadrages, ses décors, la Passion selon Saint-Mathieu de Bach, tout ramène à la foi inébranlable de Franz et de sa famille. Visuellement époustouflant, d’une grande élévation, ce film atteint des sommets de spiritualité. C’est une œuvre bouleversante qui mériterait d’être retenue par le jury.

Portrait de la jeune fille en feu est une réalisation de Céline Sciamma. On est en 1770. Marianne, artiste-peintre, est envoyée sur une île bretonne pour y faire le portrait d’une jeune femme, Héloïse. Celle-ci a dû quitter le couvent pour épouser un homme, contre sa volonté. Elle tente de résister. Des images magnifiques, des cadrages sur les visages des deux femmes particulièrement réussis. Mais c’est sans surprise. On sait parfaitement ce qui se nouera entre les deux femmes et la fin est sans drame.  Malgré d’excellentes critiques je trouve que ce film n’offre rien de plus, un beau livre d’images. Certains y ont vu une œuvre féministe parce que tout se déroule entre des femmes. Mais décrire une solidarité de femmes dans une île au XVIIIe, alors qu’après avoir résisté Héloïse finit par céder, ne fait pas avancer la cause des femmes et ne me semble pas marqué du sceau du féminisme.

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