La compagnie Peeping Tom a repris une pièce qu’elle a créé en 2009, 32 rue Vandenbranden, en proposant une nouvelle version pour le ballet de l’Opéra de Lyon, baptisée 31 rue Vandenbranden.
Le Ballet de l’Opéra de Lyon est une compagnie de formation classique tournée vers la danse contemporaine. Depuis plus de vingt ans, elle s’est constitué un répertoire de plus de 100 pièces dont la moitié sont des créations mondiales, en faisant appel à des chorégraphes de divers horizons : (Merce Cunningham, Trisha Brown, Lucinda Childs, William Forsythe, Anne Teresa De Keersmaeker, Maguy Marin, Philippe Decouflé, Emanuel Gat ou Jérôme Bel). Il est actuellement dirigé par Yorgos Loukos.
La compagnie Peeping Tom a été fondée en 2000 par l’Argentine Gabriela Carrizo et le Français Franck Chartier. Ils avaient créé l’année précédente leur première pièce commune, Caravana (1999), dont l’action se déroulait dans un mobil home. Ils ont créé une première trilogie : Le Jardin (2002), Le Salon (2004) et Le Sous-Sol (2007). Intéressés par le huis-clos familial la compagnie a entamé́ une deuxième trilogie – Vader(Père, 2014), Moeder (Mère, 2016) et Kind (Enfant, 2019). Depuis 2013, ils créent aussi des pièces pour d’autres troupes comme le Nederlands Dans Theater ou encore le Residenztheater à Munich.
Dans leur pièce 31 rue Vandenbranden le décor très réaliste, est conforme au travail des deux chorégraphes. Deux mobil-homes, dont l’un à deux portes, ouverts sur la scène, seuls abris de fortune dans un univers de neige, au sommet d’une montagne, avec un ciel chargé, d’une beauté saisissante. Un décor où l’on se demande comment des gens peuvent vivent dans cet univers ingrat, et comment ils peuvent y rester. Le spectacle navigue entre danse et théâtre. Un ensemble de petites scénettes décousues, plastiquement magnifiques, avec quelques habitants et deux étrangers, qui entrent, sortent, s’agitent, s’aiment se disputent. Certains sont pris de convulsions, d’autres entrent en lévitation… ; sorte de théâtre de l’absurde, comique et d’une grande poésie, comme la scène des parapluies noirs dansant sous un vent de tempête. L’ensemble est accompagné d’une superbe musique, les compositions de l’Argentin Juan Carlos Tolosa, inspirées de pièces du répertoire (Stravinsky, Debussy, Vivaldi). Casta diva chantée dans ce décors perdu par la mezzo-soprano Eurudike De Beul ajoute de l’incongruité au tableau. Un très beau travail théâtral des danseurs de l’Opéra de Lyon habitués à la danse contemporaine qui se sont se sont ici métamorphosés en acteurs généralement muets. Ils exécutent également avec brio et virtuosité des figures de danse assez époustouflantes. Mais le spectacle s’essouffle rapidement. Une scène qui figure une femme violentée est particulièrement pénible. La dernière demi-heure semble s’étirer infiniment comme si les auteurs n’avaient plus rien à dire, ou avaient déjà tout dit, ce qui gâche le plaisir éprouvé dans les premiers instants du spectacle.