Ashley Chen, né en 1980, fait ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse de Paris de 1994 à 1999. Après une création avec Thomas Duchâtelet, il s’envole en 2000 vers New York pour intégrer, à 20 ans, la Merce Cunningham Dance Company. Il y reste quatre ans. Il revient ensuite en France et rejoint le Ballet de l’Opéra de Lyon, où il interprète des pièces de Christian Rizzo, Angelin Preljocaj, William Forsythe, Mathilde Monnier, etc. En 2006, il quitte le Ballet pour sillonner l’Europe et travaille avec John Scott et Liz Roche, Philippe Decouflé, Boris Charmatz, etc. En 2002, il chorégraphie. We’re all grown up now! à New York. Un an après, il monte avec Marise la Lagrave I’m not a Gurrel!!, vidéo-danse filmée dans l’État de New York. En 2008, il crée avec le collectif Loge 22 I meant to move à Lyon et en 2012, il fonde la compagnie Kashyl. Son intérêt chorégraphique n’est pas basé sur la composition harmonieuse de mouvements ni sur la narrativité des situations mais plus sur la manière dont le spectateur se retrouve plongé dans diverses atmosphères. Il pousse le corps du danseur à un engagement physique certain pour arriver à un stade d’épuisement où le mouvement se retrouve juste et éthéré́. Il est l’auteur de Habits / Habits (2013), Whack!! (2015), Chance, Space & Time(2016), Unisson (2018).
Pour la reprise de Chance, Space & Time Ashley Chen nous indique que c’est « une pièce pour trois corps dans l’espace, dont les vecteurs artistiques, (chorégraphie, musique et éclairage) seraient indépendants et complémentaires. Je souhaite ainsi m’emparer de deux principes de création primordiaux chez le compositeur-plasticien John Cage et le danseur-chorégraphe Merce Cunningham :
- L’autonomie des champs artistiques : soit l’importance de la non hiérarchisation des associations musique/danse/lumière (l’une n’est pas créée pour l’autre) … elles sont découvertes simultanément par le public, créant ainsi des associations artistiques inhabituelles.
- L’utilisation de systèmes de hasard : s’obliger à lâcher prise et tenter de créer un chaos organisé, se donner la possibilité́ de prendre des décisions non-subjectives, et questionner les différentes manières de composer la chorégraphie. »
Il est vrai que les danseurs de la compagnie de Merce Cunningham ne découvraient la musique qu’après avoir appris la chorégraphie. La musique ne rythme pas la danse mais l’accompagne. C’est un point de vue. Ici la musique de Pierre Lebourgeois est tantôt rock endiablé, tantôt note distillée par des instruments acoustiques, sans relation avec les mouvements des danseurs qui continuent de danser même lorsqu’elle s’arrête. L’ensemble ne manque pas de dynamisme ; les danseurs sont toujours en mouvement, courent ou marchent beaucoup dans un joyeux chaos, s’affrontent, se confrontent ou s’évitent. C’est certes une expérience chorégraphique, mais qui manque singulièrement d’émotion, la répétition des mouvements donnant une impression de redite et pour tout dire d’ennui.