Auteur : né en 1984, Mamadou Dia est un réalisateur et scénariste sénégalais. Il est né et a grandi à Matam, une petite ville au nord du Sénégal, tout près de la Mauritanie. Après des études à l’université de Dakar, il a réussi le concours d’une école de communication et de journaliste. Il a travaillé comme journaliste pendant presque 10 ans, travaillant surtout comme reporter d’images, jusqu’à ce que lui qui, enfant, n’avait pas le droit d’aller au cinéma, se laisse gagner par l’envie de faire du cinéma, au point de postuler et d’être accepté à la Tisch School of the Arts de l’Université de New York. Après plusieurs court-métrages, il a réalisé Le Père de Nafi, son premier long métrage, un film sélectionné dans un très grand nombre de festivals et qui, en particulier, a été doublement récompensé à Locarno 2019 : meilleur premier film et Léopard d’or de la section « Cinéastes du Présent ».
Interprètes : Alassane Sy (Tierno) ; Saikou Lo (Ousmane) ; Aicha Talla (Nafi) ; Alassane Ndoye (Tokara).
Résumé : Dans une petite ville du Sénégal, deux frères s’opposent à propos du mariage de leurs enfants. Les jeunes Nafi et Tokara rêvent, eux, de partir étudier à Dakar, la capitale, et de vivre avec leur époque. A la manière d’une tragédie, et alors que s’impose la menace extrémiste, les amoureux doivent trouver un chemin pour s’émanciper des conflits des adultes.
Analyse : Pour son premier film Mamadou Dia nous entraîne dans une tragédie familiale, le projet de mariage de Nafi avec son cousin dont elle est amoureuse et auquel son oncle, père de son fiancé, s’oppose ; un oncle, Ousmane, plein de désir d’argent, de puissance et de vengeance vis-à-vis de son frère, Tierno. Une tragédie grecque sous le ciel africain. Un film politique également qui pose la question : qu’est-ce que le pouvoir de la foi ? Deux visions du monde s’affrontent, l’une modérée, l’autre radicale. Tierno est un Imam sage et modéré, écouté et respecté. Face à lui, avec la complicité d’Ousmane qui veut devenir maire du village, les islamistes tentent de s’imposer dans la population. Cela parait impossible au Sénégal mais le Mali n’est pas loin et ce qu’on croyait invraisemblable il y a seulement 15 ans, est bien arrivé. Ce sont deux visions du monde et de la religion qui s’affrontent. On retrouve parfaitement les villages africains, avec leur vie lente, leur poussière, les figures magnifiques de certains de leurs habitants. Cette lenteur qui sait donner le temps au temps et même davantage. Mais précisément cette lenteur que j’ai pourtant vécue là-bas, m’a gênée dans ce film. Mamadou Dia, auquel on faisait ce reproche, a donné une réponse : c’est le rythme réel du parler de sa ville, la façon tranquille dont les gens de la région se répondent tous les jours. Mais on peut montrer la lenteur au cinéma sans susciter l’ennui. La réalisation qui manque d’ampleur et de fluidité, est trop académique pour rendre ce film passionnant à suivre. Certaines scènes m’ont paru incompréhensibles. Pourquoi Ousmane crache-t-il sur la femme de son frère plus âgée que lui, quand on sait le respect sacré pour les aîné.e.s en Afrique ? Pourquoi Nafi quitte-t-elle ses parents en les saluant à peine alors qu’ils ont tout fait pour l’aider ? De plus je trouvé ce film très manichéen. Il y a les très très méchants d’un côté et les trop gentils de l’autre, à la manière d’un western. Ce qui fait que ce film m’a rapidement agacée.