Fabrice Ramalingom, né en 1965 à Avignon, témoigne très jeune d’un goût pour la danse. À 19 ans il décide de faire de la danse son métier. Il se forme de 1986 à 1988 au Centre national de danse contemporaine d’Angers. Il commence sa carrière de danseur-interprète au Centre chorégraphique national de Montpellier. Il y travaille essentiellement pour Dominique Bagouet, chorégraphe emblématique de la danse contemporaine française. Il danse également en 1992 pour l’une des plus importantes figures de la post-modern danse américaine, Trisha Brown. Elle va offrir à Fabrice Ramalingom l’opportunité de changer sa façon de danser, de penser la danse et de s’investir dans le domaine chorégraphique. Cette rencontre déterminera son désir de devenir chorégraphe. Il crée en 1993 avec la danseuse-chorégraphe Hélène Cathala la compagnie La Camionetta. Au fil des années, ils obtiendront le statut de compagnie chorégraphique conventionnée par le Ministère de la Culture. Ils chorégraphient ensemble 11 pièces. A partir de 2000 il chorégraphie seul plusieurs pièces. Il serra artiste associé de plusieurs centres de danse (Chateauroux, Nîmes, Sète). En 2006 Fabrice Ramalingom et Hélène Cathala se séparent et mettent un terme à l’aventure La Camionetta. Il crée alors une nouvelle compagnie, R.A.M.a, soutenue par la ville de Montpellier, le Département de l’Hérault, la région Languedoc-Roussillon et le Ministère de la Culture. Il crée un grand nombre de chorégraphies, en France et à l’étranger (Belgique, Canada, Brésil). La réalisatrice Valérie Donzelli («La Reine des pommes», «La Guerre est déclarée») a fait appel à lui pour chorégraphier les scènes de son dernier film «Main dans la main» (2012).
Sa nouvelle création s’intitule Frérocité. Un néologisme attribué à Lacan, amalgame de mots où l’on entend Frère, Férocité, Cité. Le chorégraphe qui s’est toujours intéressé à la complexité de la nature humaine, questionne ici la difficulté du vivre ensemble. Alors que jusqu’à présent il offrait le visage d’une humanité se mouvant vers une utopie joyeuse et pleine d’optimisme, il jette ici un œil critique sur la cruauté et la dureté dont nous pouvons être capable vis-à-vis de notre prochain. Un ensemble de 22 danseurs, dont 15 amateurs de la ville de Montpellier, qui organisent le chaos, côte à côte, chacun dans sa solitude suivant son destin sans s’intéresser au prochain.
Un chaos de surpopulation, de déchets cumulés avec avidité et bêtise. Un environnement massacré par la surabondance des biens de consommation. Régulièrement des coulisses est lancé un sac poubelle, promptement récupéré dans lequel une danseuse s’immerge totalement pour extraire un chiffon qu’elle coince dans sa ceinture puis elle jette le sac au milieu de la scène et des autres danseurs. Des bâches plastiques, toutes sortes d’objets hétéroclites sont transportés et envahissent l’espace qui devient rapidement un amas de détritus dans lequel on s’interroge sur la place qu’on laisse à l’autre et sur celle qu’on occupe. Par une chorégraphie et une mise en scène d’une précision époustouflante, malgré l’impression brouillonne qu’elle pourrait laisser, progressivement à l’aide d’une grande bâche blanche l’essentiel de la troupe délimite un espace derrière lequel elle disparaît, tandis que les autres rampent habilement emportant tous les détritus et laissant la scène nette, comme si rien n’avait eu lieu. Un spectacle étrange qui peut rebuter au début, mais qui est profond et donne à réfléchir.