La réalisatrice hongroise Ildikó Enyedi n’est pas une inconnue à Cannes. Elle a obtenu la Caméra d’or en1989 pour Mon XXe siècle et par ailleurs l’Ours d’or à Berlin 2017 pour Corps et Âme. L’histoire de ma femme, reprend le roman de Milán Füst. En 1920 un capitaine au long cours épouse une inconnue afin de la retrouver quelques fois par année. Il devient maladivement soupçonneux et jaloux. C’est un film terriblement long (2 heures et 49 minutes), des répétitions fréquentes, très bavard ; le comportement de cette femme est incompréhensible ; on finit par s’y ennuyer très fermement, même si les images sont belles et la reconstitution des années 1920 très réussie.
Bruno Dumont, réalisateur bien connu à Cannes et ailleurs, multi-récompensé, notamment Grand Prix du jury en 1999 pour l’Humanité et en 2006 pour Flandres. Adapté du roman de Charles Péguy, Par ce demi-clair matin, le film France reprend l’histoire d’une journaliste star de la télévision dont plusieurs évènements vont contribuer à sa déchéance. C’est un pamphlet au vitriol contre un certain journalisme d’information continue de la télévision qui fait du vedettariat et qui n’hésite pas à trafiquer les reportages pour se faire valoir. Léa Sedoux est remarquable dans cette caricature. Le seul bémol que j’y mets est que Dumont n’épargne pas de sa cruauté les gens simples qui sont très honorés de recevoir une star de la télé chez eux. Sans doute pour nous dire que ce système pourri aussi ces gens-là. Les journalistes dans la salle ont hué. Normal !
Je voudrais terminer sur le film Un héros d’Asghar Farhadi qui est un scénariste et réalisateur iranien bien connu. On se souvient notamment de Une séparation, (Ours d’or et César du meilleur film étranger 2012), Le passé (Prix du jury œcuménique, Cannes 2013), Le client (Prix du scénario, Cannes 2016). Il met en scène l’histoire de Rahim, un homme en prison à cause d’une dette qu’il n’a pas pu rembourser. Lors d’une permission, il tente de convaincre son créancier de retirer sa plainte mais les choses ne vont pas se passer comme prévu. C’est l’histoire d’une rédemption impossible où le héros retombe toujours plus bas après l’espoir d’une amélioration de son sort. C’est un regard sans concession sur la société iranienne. Un scénario et une mise en scène brillante, une interprétation impeccable.
Ce 74e festival de Cannes se termine. N’ayant pas vu tous les films de la sélection officielle je ne me risquerai pas à faire des pronostics. Je vous indiquerai seulement mes préférences. J’aimerai beaucoup voir au palmarès : Annette de Leos Carax, Lingui, les liens sacrés de Mahamat-Saleh Haroun, Drive my car de Ryusuke Hamaguchi, French Displash de Wes Anderson, et Un Héros d‘Ashgar Farhadi. On n’aura peut-être la surprise de voir Titane figurer au palmarès, sait-on jamais !
Un très grand merci Marie-Jeanne pour toutes ces informations et critiques que nous avons suivies avec un grand intérêt. J’attends avec impatience ton compte-rendu à la rentrée de Pro-Fil. Il semble que les films actuels apportent leur lot de violence, aussi je te souhaite des vacances douces et reposantes. Merci encore de nous faire partager tous ces grands moments de cinéma.
Dominique Besnard