Auteur : Joachim Trier, né en 1974, est un réalisateur, scénariste, producteur norvégien. Issu d’une famille de cinéastes, c’est tout naturellement qu’il se tourne vers la profession et réalise en l’espace de deux ans deux courts-métrages, Still (2001) et Procter (2002). Son premier long métrage, Nouvelle donne (2007), obtient un succès international. Cinq années passent avant qu’il ne choisisse de poursuivre son travail cinématographique. Il réalise Oslo, 31 août (2011), un brillant second long-métrage, adaptation du roman de Drieu la Rochelle, Le feu follet, sélectionné dans la catégorie « Un certain regard » au Festival de Cannes. Un festival dont Joachim Trier devient juré en 2014 pour les catégories Cinéfondation et Courts Métrages. Il se tourne vers les États-Unis, la France et l’Allemagne et fait jouer Isabelle Huppert et Jesse Eisenberg dans son drame familial, Louder than Bombs (2015), qui figure dans la sélection officielle du festival de Cannes. Puis il réalise Thelma (2017), un film fantastique. Julie en 12 chapitres a obtenu le Prix d’interprétation féminine au festival de Cannes 2021 pour Renate Reinsve dans le rôle de Julie.
Interprétation : Renate Reinsve (Julie) ; Anders Danielsen Lie (Aksel) ; Herbert Nordrum (Elvind).
Résumé : Julie, bientôt 30 ans, est une jeune femme qui n’arrive pas à se fixer dans la vie. Elle a fait de brillantes études de médecine puis de psychologie avant de bifurquer encore pour devenir photographe. En attendant de vivre de son art elle travaille dans une librairie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, 45 ans, auteur à succès, elle rencontre par hasard Eivind, jeune et séduisant.
Analyse : La trentaine conquérante, Julie est une jeune femme pleine d’allant qui veut vivre pleinement autant sa vie personnelle que sa vie professionnelle. Elle est légère, charmante, pétillante. Toutefois rapidement on la sent assez peu sûre d’elle. Elle cherche sa voie. Sur douze chapitres on voit évoluer l’héroïne qui est un être lumineux mais tiraillée par le doute et l’incertitude ; indécise quitte à en faire les frais. Bien qu’en couple avec un dessinateur de BD à succès dont elle semble amoureuse, elle refuse de lui donner l’enfant qu’il souhaite et flirte puis tombe amoureuse d’un nouvel homme, dans l’espoir de connaître d’autres sensations. Julie se veut farouchement indépendante ; elle discute de manière parfois très crue sur tous les sujets importants de la vie, le désir, la sexualité, la fidélité, la maternité. Elle est résolument moderne et beaucoup de jeunes se retrouveront en elle. Un réalisme et une justesse de ton qui ne surprend pas venant d’un réalisateur passionné par la psychologie humaine.
La mise en scène de Joachim Trier mélange avec habileté la légèreté, la mélancolie, l’humour, la gravité. Le réalisateur utilise des audaces de forme, un monde qui se fige totalement pendant quelques minutes tandis que Julie court vers son amoureux, pour traduire cette impression que pour ceux qui s’aiment le monde alentour s’arrête car ils sont seuls au monde. Des moments subtils d’un badinage poussé qui sait ne pas aller trop loin donnent à ce film le charme d’une poésie romantique. Un film plaisant sur l’amour, le désir, le temps qui passe.