Auteur : Regis Roinsard, né en 1972, est un réalisateur et scénariste français. Après des études à l’ESEC, il tourne son premier court-métrage, Les Petits-Salés. Après son second court-métrage, Madame Dron, il réalise le clip de la chanson Au Mont Sans-Soucis de Jean-Louis Murat. Il s’ensuit alors une série de clips et de spots publicitaires. En 2012 il réalise son premier long métrage, Populaire, puis Les Traducteurs (2020) et En attendant Bojangles (2021).
Interprètes : Virginie Efira (Camille) ; Romain Duris (Georges) ; Solan Machado-Graner (Gary) ; Grégory Gadebois (L’Ordure).
Résumé : Camille et Georges dansent tout le temps sur leur chanson préférée Mr Bojangles. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Malheureusement, cette vie faite d’excès, de légèreté, et de trop d’insouciance prend soudainement fin quand Camille est rattrapée par des démons qu’elle ne parvient désormais plus à combattre. George se retrouve seul avec son fils, empli d’incertitudes…
Analyse : Ce film a reçu quelques éloges et beaucoup de critiques négatives que j’ai trouvées très sévères. J’ai envie de le défendre. Le roman éponyme d’Olivier Bourdeaut est un livre qu’on ne lâche pas et qui ne vous lâche pas. C’est la vie d’un couple plein d’une fantaisie magnifique, excentrique, anticonformiste, d’une liberté totale et assumée, qui n’accepte aucune des contingences de la vie, ne s’enferme dans aucune habitude sauf le rituel de danser sur la musique de la chanson Mr Bojangles, écrite et enregistrée en 1968 par Jerry Jeff Walker, interprétée par de multiples chanteurs dont Nina Simone et dans le film par Robbie Williams. Liberté et fantaisie auxquels beaucoup d’entre nous aspirent en secret mais qui est illusoire dans un monde fait d’obligations et de devoirs. En adaptant cet ouvrage Regis Roinsard s’est lancé un sacré défi, qu’il a en grande partie relevé. Certes la mise en scène n’est peut-être pas à la mesure de la folie des personnages, mais le réalisateur a parfaitement rendu ce tourbillon de la vie, et surtout, grâce au jeu magnifique de Virginie Efira, cette folie de la vie qui subrepticement passe à la folie vraie, celle qui ravage l’âme et le corps. On la sent fragile, si fragile, avec des aspirations trop grandes, un désir de bonheur absolu dans un monde réglementé où il n’est pas possible de vivre sans ouvrir son courrier. Le mérite du réalisateur est de nous faire aimer ces personnages hors normes qui célèbrent l’amour total, fou, insensé dans un tourbillon vertigineux que la caméra, qui ne nous laisse pas de répit, rend pleinement.
Le film est porté par d’extraordinaires interprètes, ce qui prouve qu’ils ont été bien dirigés. Aux côtés de la superbe Virginie Efira, Romain Duris, dont je n’aime généralement pas beaucoup le jeu, est parfait dans le rôle du mari fou d’amour et de désespoir devant la descente aux enfers de son aimée. Leur petit garçon, Gary, incarné par Solan Machado-Graner est à leur mesure. Il a un bel esprit de répartie et jette un regard émerveillé et amusé sur les fantaisies de ses parents foutraques. Sans oublier Grégory Gadebois, dans le rôle d’un sénateur, surnommé « l’Ordure », protecteur et amoureux de l’ombre.
Le décor est théâtral, retro, baroque, plein de couleurs – on n’en n’attendait pas moins -, la chorégraphie superbe. Un film poétique, qui ne manque pas de romanesque et de séduction.