Madame Covid, la fatigue, les vacances nécessaires ont eu raison de ma volonté de partager avec vous les films que j’ai aimé. J’aurai voulu vous parler de trois films au moins : Contes du hasard et autres fantaisies, film réalisé par Ryūsuke Hamaguchi, Prix du scénario à Cannes 2021 pour Drive my car. Un conte en trois parties, différentes mais unies par la délicatesse, la subtilité dont ce réalisateur est coutumier. Trois histoires, trois beaux portraits de femmes chacune dans leurs relations amoureuses, chacune jouant un jeu. Un jeu sadique, un jeu pervers, un jeu de rôle. Chaque conte est réuni par le hasard des rencontres et la force des mots. On reconnait bien Hamagushi dont le metteur en scène de théâtre, dans Drive my car, faisait jouer Tchekhov par des acteurs de différentes nationalités, chacun gardant son propre langage. Tout passe par le langage, que ce soit les confidences sur une relation amoureuse, la lecture d’un livre et son passage érotique, le passé recomposé par le récit. Les mots sont mis en scène avec gourmandise. Comme chez Rohmer l’acte n’est pas montré mais raconté, ce qui le met sur le même plan que la lecture et tient le spectateur un peu à distance, laissant parler sa propre imagination. On retrouve également tous les thèmes de la filmographie du réalisateur, des portraits féminins complexes, des confidences très intimes, livrées souvent dans l’habitacle fermé d’une voiture, le moment du choix pour les personnages avec la peur de passer à côté de sa vie.
J’aurai aimé vous parler de En corps de Cédric Klapisch.
L’action du film se situe dans le domaine de la danse. Il débute par de la danse classique. Puis la danse contemporaine explose littéralement dans une vigueur, une force, une rage, une énergie, une beauté scénique extraordinaires. Beauté des corps, des gestes, de la chorégraphie, beauté visuelle. Marion Barreau est éblouissante. Un film qui rend heureux, qui vous donne l’impression d’être plus léger dans votre corps, qui vous donne de l’énergie. D’ailleurs des spectateurs esquissaient des pas de danse en sortant de la séance. Un film qui vous dit qu’un mal peut vous apporter un bien, qu’une autre vie est possible, qu’il ne faut jamais perdre espoir. De ces films qui vous font du bien.
J’aurais aimé vous parler de Allons enfants film réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai. Un documentaire qui relate une expérience unique en France : un lycée parisien, le lycée Turgot, tente un pari fou : intégrer des élèves de quartiers populaires et briser la spirale de l’échec scolaire grâce à la danse Hip Hop. Un film qui nous donne de l’espoir et en apporte tellement à ces élèves qui se sentent valorisés et qui semblent trouver une place dans la société. Même si les résultats scolaires ne sont pas toujours au rendez-vous, ils sont encadrés par une équipe pédagogique extraordinaire, avec un proviseur d’une grande humanité. Un documentaire qui donne confiance en l’avenir.
J’aurai aimé vous parler enfin de l’émission champ/contrechamp que nous avons enregistrée le mardi 26 avril. Nous avons échangé sur :
En corps de Cédric Klapisch
A Chiara de Jonas Carpignano
Contes du hasard et autres fantaisies de Ryusuke Hamaguchi
Les coups de coeur des différents intervenants étaient :
Allons enfants de Thierry Demaizière et Alban Teurlai
L’ombre des filles d’Etienne Comar
Il y eu un matin de Eran Kolirin
L’ombre d’un mensonge de Bouli Lanners
Vous pouvez naturellement l’écouter en podcast.
Mardi s’ouvre le festival de Cannes. Je vous communiquerai régulièrement mon avis sur les films projetés, essentiellement les films en compétition pour la Palme d’or.
À très vite donc !