Jean-Pierre et Luc Dardenne, nés respectivement en 1951 et 1954, sont deux frères belges réalisateurs, scénaristes et producteurs. Ils reviennent à Cannes cette année avec Tori et Lokita. Leur cinéma connaît un impact international, notamment grâce au Festival de Cannes où ils ont été présentés et récompensés de nombreuses fois, Palme d’or en 1999 pour Rosetta, Palme d’or en 2005 pour L’enfant, Prix du scénario en 2008 pour Le silence de Loma, Grand prix en 2011 pour Le gamin au vélo, Mention spéciale du jury œcuménique en 2014 pour Deux jours, une nuit, Prix de la mise en scène en 2019 pour Le jeune Ahmed. On le voit un palmarès bien rempli sans compter les autres distinctions internationales. Ils sont aujourd’hui considérés comme les grands représentants du cinéma social européen, au même titre que Ken Loach notamment. C’est l’histoire poignante de deux immigrés, Lokita, jeune femme d’une vingtaine d’années et Tori jeune adolescent. Ils se disent frères et sœurs mais ont beaucoup de mal à le prouver car ce n’est pas la réalité. On les voit en butte à un accueil défaillant et tatillon, entre les mains d’un restaurateur italiens qui les fait diller, abuse de Torika en échange d’un billet de 50€, et sous les menaces du passeur qui veut récupérer son argent. Une situation dramatique qui se termine mal mais qui finit par ne plus nous émouvoir tant le film est truffé d’invraisemblances et décolle de la réalité.
Mario Martone, né en 1959, est un réalisateur et scénariste italien qui est également metteur en scène de théâtre et d’opéra qui présente en compétition officielle Nostalgia. Il est à la tête d’une vingtaine de réalisations cinématographiques. En 2018, son film Capri-Révolution a été sélectionné à la Mostra de Venise. Étymologiquement la nostalgie est la souffrance du retour. Felice Lasco a quitté sa ville natale, Naples, pendant 40 ans. Il a vécu au Liban, en Afrique du Sud, avant de se marier au Caire avec une médecin et de créer une entreprise de bâtiment, véritable ascension sociale, lui, l’enfant du quartier populaire de la Sanità, fils d’une couturière. On comprendra que la raison de ce départ est un cambriolage chez un particulier, quand il était jeune, qui s’est terminé par un meurtre avec son ami d’enfance Oreste. Ce dernier est resté à Naples et est devenu un redoutable mafieux trempant dans la drogue, le racket et la prostitution. Martone aime sa ville de Naples qui est le troisième personnage du film, qu’il nous présente avec les yeux de l’amour de celui qui y revient, qui voit avec indulgence tous ses défauts, et il n’en manque pas ! Il a dit d’elle que « la joie et l’allégresse sont comme suspendues au-dessus du néant ». Martone adapte le roman d’Ermanno Rea, dans lequel ce dernier dépeint un personnage de prêtre militant, Padre Luigi Rega. Ennemi de la Camorra, il organise dans son église des activités pour les jeunes afin qu’ils évitent la spirale de la délinquance. Le rôle de Felice est interprété par ce magnifique acteur vu dans Le traitre de Marco Bellocchio, Pierfrancesco Favino. Un film qui aurait dû transpirer d’émotion, mais une émotion qui en raison d’une certaine retenue de l’auteur, n’arrive pas à percer. Favino mériterait le prix d’interprétation.