Via Injabulo par la Compagnie Via Katlehong, chorégraphie Marco da Silva Ferreira et Amala Dianor.
La Compagnie Via Katlehong a été fondée en 1992 par quatre danseurs, en réaction à des violences de quartier survenues dans le township sud-africain. Conçue d’abord comme un collectif, elle est désormais une compagnie, menée par Buru Mohlabane et Steven Faleni, qui travaille avec des chorégraphes internationaux. Elle s’est donné sur place une mission sociale, culturelle et éducative auprès des jeunes d’Afrique du Sud. Sa révolte face à la violence subie par l’Apartheid trouve ses racines dans la pantsula et le gumboot (danse des mineurs qui tapaient sur leurs bottes en sifflant pendant l’apartheid), deux danses urbaines que la compagnie a pour but de professionnaliser. La culture pantsula est un style de vie, recouvrant mode, musique, danse, codes gestuels et parler, symbole d’une fureur de vivre. Pour ce spectacle en Avignon la compagnie a fait appel à deux chorégraphes, Marco da Silva Ferreira et Amala Dianor.
Marco da Silva Ferreira est né en 1986 au Portugal. Formé en autodidacte aux danses urbaines, il commence sa carrière professionnelle en 2008 auprès notamment d’André Mesquita ou Hofesh Shechter. Avec Land(e)scape en 2014, il entame une collaboration multidisciplinaire entre les arts visuels, sonores et la danse, avant de créer b r u t o, une pièce pour la communauté locale de Torres Vedras au Portugal. Sa pièce actuelle Brother est acclamée par la critique internationale.
Après un parcours de danseur hip hop, Amala Dianor intègre l’Ecole supérieure du Centre National de Danse Contemporaine d’Angers (CNDC, promotion 2002). Il travaille ensuite pendant 10 ans comme interprète pour des chorégraphes de renom aux univers très différents (hip hop, néo-classique et afro-contemporaine). En 2012, il crée sa compagnie et sa signature est d’emblée identifiée en France et à l’International. Depuis 2014, il travaille avec la complicité du compositeur électro-soul Awir Léon qui crée les musiques originales de ses spectacles. Il s’associe aussi ponctuellement pour ses créations, avec des artistes chorégraphes, compositeurs, écrivains, plasticiens, metteurs en scène … Il déploie une danse virtuose qui hybride les formes et fusionne les styles des danses hip-hops, contemporaines, africaines…Actuellement il est artiste associé à Touka Danses, CDC GUYANE (2021-2024) et au Théâtre, Scène nationale de Mâcon (2022-2025) ainsi que membre du Grand Ensemble Les Quinconces & L’Espal, scène nationale Le Mans (2021-2024). Les spectacles de la Cie Amala Dianor totalisent plus de 60 représentations par an dans le Monde entier.
Via Injabulo (qui signifie « avec de la joie »), est composée de deux parties, Førms Inførms imaginée par Marco da Silva Ferreira et Emaphakathini (« l’entre deux » en zoulou), de Amala Dianor. Mais le métissage opère parfaitement car dans les deux parties se dégage la même énergie, la même joie de vivre particulièrement communicatives. Un mélange de danse rituelle et contemporaine avec huit danseurs d’une virtuosité époustouflante. La première partie s’ouvre par la performance d’une danseuse de petite taille, vive, souple, qui se contorsionne, reprend forme avec un corps qui se gonfle, se dégonfle à grand bruit, se construit se déconstruit d’une manière fascinante. Puis sur une musique entêtante les danseurs entament une chorégraphie d’ensemble avec des jeux de jambes très rapides, des duos, des solos rapidement chassés par des danses collectives. Les groupes se font, se défont au rythme endiablé de la musique de Jonathan Uliel Saldanha. Les danseurs font participer le public partageant avec générosité leur joie de vivre malgré leur vécu dans un pays qui n’a pas fait la paix avec ses démons. Si les deux pièces se succèdent avec notamment un intermède nécessaire au repos des danseurs, elles forment un ensemble dont se dégage la même énergie furieuse, le même condensé d’optimisme qui une heure quinze durant nous fait oublier le tumulte de notre temps.